La nuit était claire, les étoiles pétillaient sur le ciel d'encre, et la lune affichait une face réjouie, blonde et ronde, comme un bon vieux fromage hollandais ou français. Lars avançait d'un pas mesuré dans les ruelles, saluant courtoisement les gens qu'il croisait. Un jeune couple qui gloussait discrètement pour ne pas gêner leur entourage, un vieillard qui promenait son caniche, un groupe de mômes en train de courir derrière une balle, quelques chats noirs par-ci, par-là...

- Quelle délicieuse soirée ! commenta à haute voix le cambrioleur en aspirant une grande bolée d'air frais.

Il avait eu l'occasion de se promener en ville et avait déjà repéré les endroits les plus intéressants pour quelqu'un de sa profession. Le quartier Sud ne l'intéressait pas. Trop pauvre, trop rachitique. Il n'y avait rien à dérober là-bas. De quoi passer le temps en journée, mais pas de quoi vivre décemment. Le quartier Ouest... Il ne voulait même pas y penser. C'était une zone industrielle, ou quelque chose dans le genre, barricadée et surveillée. Inutile de s'y risquer. Le quartier Nord l'avait fortement intrigué. Beaucoup de résidences de luxe se côtoyaient, et Lars finirait par s'y rendre. Mais peut-être pas si tôt. Trop risqué.

Le quartier Est, en revanche... Les habitations y était plus qu'acceptables, et la sécurité y serait moins développée qu'au nord. C'était l'idéal pour démarrer ses activités dans la ville. Parce que oui, Lars venait d'emménager. Cela faisait moins d'un mois qu'il était dans la région, après tout. Il avait beau aimer l'argent et les cambriolages qui lui rapportaient gros, il appréciait tout autant la liberté.

Une voiture passa, illuminant brièvement la rue dans laquelle le bandit progressait. Une chouette ulula depuis un parc tout proche. Le coin semblait calme, désert. À environ une centaine de mètres devant lui, la silhouette d'un immeuble se découpait dans la pénombre nocturne. Un seul appartement était encore éclairé, celui du quatrième et dernier étage. Fenêtre ouverte, on pouvait entendre de la musique qui s'en échappait, alors que des rires éclataient à intervalles réguliers. Une soirée d'étudiants, devina le voleur. Un rictus malicieux s'insinua lentement sur son visage. C'était l'endroit parfait pour frapper.

Lars s'arrêta devant les portes de l'immeuble, verrouillées par un code.

- Bien évidemment... ricana-t-il en regardant sa montre. Une heure du matin. Il s'approcha de l'interphone et essaya de trouver la sonnette des fêtards en appuyant sur des boutons qui pouvaient correspondre. Il finit par entendre les chants et les exclamations se calmer, lui indiquant qu'il avait trouvé le bon.
- Allô ? C'est qui ? demanda une voix mal assurée et enivrée  au bout de quelques secondes de silence.
- C'est moi, j'ai une bouteille et de la pizza ! répondit Lars le plus naturellement du monde.
- Ooooh cool ! Monte, on t'attend, mec !

Dans un bruit électronique, la porte se déverrouilla et Lars pénétra dans l'immeuble. La viande saoule... Que c'était facile... Il avait le choix entre le premier et le deuxième étage. Il n'allait pas s'en prendre aux jeunes du quatrième, ils étaient encore réveillés... tout comme les résidents du troisième, se doutait-il. Mieux valait ne pas tenter le diable. Avant de monter, il regarda les noms sur les étiquettes de l'interphone. Au premier, on pouvait voir que deux noms étaient inscrits. Boliere-Gratislav. En revanche, au deuxième étage, seul le nom "Halo" apparaissait.

- Mh, il y a au minimum deux personnes qui vivent au premier... commenta Lars en se frottant le menton.

Il opta ainsi pour le second étage. Bien sûr, un seul nom sur l'interphone ne signifiait pas forcément qu'une seule personne habitait l'appartement. Mais c'était toujours mieux que deux noms, de toute façon. Statistiquement parlant, en tout cas, il s'estimait gagnant.
Aussi silencieusement qu'une ombre, il gravit les escaliers et s'arrêta devant chez Halo. Il s'agenouilla devant la serrure et entreprit de la crocheter. Un vrai jeu d'enfant ! Enfin, pour quelqu'un d'habitué comme lui. Il se félicita d'avoir choisi le quartier Est pour faire ses débuts à Palema. Un appartement du quartier Nord aurait été autrement plus difficile d'accès.

Il entra dans la pénombre de l'appartement, referma la porte derrière lui et dut aussitôt étouffer à grand peine un cri de surprise. Une forme blanche se mouvait dans sa direction. Un chat. Un banal félin. Son cœur battait la chamade, après avoir raté plusieurs battements. Il soupira un grand coup et s'avança. Le matou s'approcha également de lui et vint se frotter à sa jambe avec entrain.

- Pas maintenant, minou ! chuchota Lars d'une voix qui se voulait agressive. Mais le chat n'en avait cure, de toute évidence. Il commença même à ronronner doucement.

Lars devait-il faire demi-tour ? Il jeta un rapide coup d'œil dans la pièce. C'était un appartement qui semblait classique. Est-ce qu'il fallait vraiment prendre le risque de poursuivre son larcin ? Le chat finirait par réveiller le propriétaire des lieux. Il pesta intérieurement. S'il pouvait au moins récupérer quelques billets, il ne s'en plaindrait pas.
Il tenta d'avancer mais le félin était bloqué devant lui et le regardait avec attention.

- Interdiction de miauler ! précisa Lars en fronçant les sourcils. Il n'avait jamais eu affaire à une bestiole aussi collante...

Le voleur fouilla un peu, la boule de poils sur ses talons. Rapidement, il finit par dénicher des croquettes.

- Si je te file à manger, tu me fous la paix ? interrogea Lars à voix basse. Le chat, bien entendu, ne lui répondit rien d'autre que des ronronnements discrets.

Il lui en versa ainsi un peu à même le sol et reprit ses investigations. Jusqu'à ce qu'il mette le pied sur une croquette...

Comme tous les soirs et toutes les nuits de chaque jour depuis quatre longues années, Lenna avait engagé sa ritournelle du soir pour aller se coucher, à 22 heures précises. Rien ne venait perturber ce rythme immuable qui lui faisait oublier les longues soirées passées à refaire le monde avec son fiancé décédé. Elle ne pensait pas qu’elle aurait pu être accompagnée ce soir dans son lit. Que quelqu’un aurait pu embrasser son front et ses lèvres et ses… Non, seul son rituel occupait son esprit.

Elle commençait par ôter son survêtement vert, qui atterrissait généralement sur la chaise blanche du salon, sauf s’il finissait par glisser à terre, à moins qu’elle ne le glisse dans le bac de linge sale. Mais toujours, elle l’ôtait en premier. Ensuite, elle se dirigeait jusqu’à sa chambre et enfilait sa chemise de nuit. En été, lors des nuits chaudes de saison, elle prenait la plus fine en soie d’un vert anis. Un petit tour à la salle de bain et une fois apprêtée en belle en bois dormant des temps modernes elle saluait son prince charmant blanc qui venait toujours récolter sa caresse, avant de la laisser pour vadrouiller et explorer tous les recoins de l’appartement. Sait-on jamais, si une souris pouvait se cacher par ici…

Il n’y en avait pas, comme il ne pouvait rien avoir d’inhabituel dans cet appartement. C’était impensable. Rien ne devait changer ses habitudes, rien. Pas même le fait de se coucher toujours du côté gauche du lit, de se recouvrir de la couette ensuite et seulement d’éteindre la lampe de chevet à 22h25 au plus tard. Ainsi, l’épisode le plus heureux de sa vie qui s’était déroulé après 22h30 se perdait dans les vapes de son esprit endormi, et enfermait sa peine et sa douleur actuelle sous la chappe de plomb qui tiraient ses paupières vers le bas. Pas de feux d’artifice. Pas de demande en mariage. Pas de rappel à une ancienne vie qui n’existait plus.

Quand un intrus décida alors de visiter son appartement, Lenna était déjà profondément endormie dans un sommeil agité. Les perturbations dans ses rituels qui se sont produites ces derniers jours se répercutaient dans ses rêves. Elle était en train de courir après un train pieds nus, mais Mike le détective la tirait en arrière et une tortue l’empêchait d’avancer parce qu’elle allait trop lentement. Alors elle voulut lui donner une rose, mais une vieille dame tomba dessus et écrasa la carapace qui se mit à teinter comme un énorme jeu de clefs. Non, les clefs craquaient. Comment était-ce possible ? L’incohérence la fit émerger de son rêve absurde et celui-ci s’échappa en fines volutes floues de son esprit, alors qu’elle regagnait le monde réel.

Elle avait entendu quelque chose. Quelque chose l’avait réveillée. Ou quelqu’un… Rien que l’idée qu’une personne puisse se trouver dans son appartement la paniquait. Elle sentit son cœur battre plus follement en coups sourds à ses oreilles. Elle tendit l’oreille, n’osant pas bouger, comme si un monstre allait surgir de sous son lit et l’empoigner de ses grandes griffes s’il découvrait sa présence. Le chat ronronnait. Elle glissa ses bras sous la couette, espérant que ce n’était qu’un mauvais rêve. Mais non, un glissement, comme si quelqu’un se déplaçait à pas de chat dans la pièce d’à côté. Prudemment elle sortit de son lit, en posant la main sur son pendentif. Ouf… Il était toujours là, son bijou le plus précieux. Tant par son prix, que par son origine, mais plus encore par ce qu'il représentait.

Elle glissa un regard vers la porte entrebâillée, son pendentif en forme d’étoile jouant avec le reflet de la lune qui berçait son appartement. Une silhouette ! Un cri d’exclamation lui échappa, et même si elle se couvrit la bouche des mains, le son était déjà sorti, il était trop tard. Elle chercha quelque chose qui pourrait permettre d’assommer l’intrus, ou à tout du moins son téléphone pour appeler la police. La jeune femme débrancha la lampe à chevet en plastique et s’en saisit d’une main, la brandissant au-dessus de sa tête, son portable étant gentiment posé sur le bar de la cuisine. Tout son corps tremblait, elle ne savait pas si elle devait se cacher derrière la porte, ou si au contraire il était préférable de passer à l’attaque. Pétrifiée de terreur, elle avait un air bien ridicule avec sa chemise de nuit froissée, ses cheveux en pétard, et la lampe brandie dont le fil pendait entre ses pieds, plantée en plein milieu de sa chambre.

Lars s'immobilisa net. Le craquement de la croquette avait retenti avec autant de force qu'une explosion. Son souffle se fit plus lourd, et son cœur reprenait une danse frénétique sous sa poitrine. Il resta à l'affut quelques secondes, l'oreille tendue pour écouter. Hormis les ronronnements du chat et les échos de la fête du quatrième, aucun son ne perçait le silence de la nuit. Il se détendit légèrement et continua son office. Il ouvrait tiroir après tiroir, à la recherche d'une cachette à billets - tout le monde en avait une, a priori. Et puis, il pourrait peut-être tomber sur quelque chose de valeur, au détour d'un placard, qui sait ? Mais il perdait espoir, et surtout, il commençait à avoir un mauvais pressentiment. Il aurait déjà dû s'éclipser d'ici en vitesse, et tenter ailleurs. Ou rentrer chez lui. Il avait déjà commis trop de boulettes. Et puis, ce chat qui continuait de le fixer, comme une sorte d'ange gardien réprobateur.

- Hé, minou ! Ne me juge pas ! Je fais ce que je peux pour vivre ! grogna Lars à mi-voix à l'attention du félin couleur de lait.

Bien évidemment ce n'était qu'à moitié vrai. Il avait des diplômes - les plus basiques, mais des diplômes quand même. Il aurait pu se reconvertir. Le commerce, ou l'économie. Quelque chose en rapport avec l'argent... Non, ce n'était pas le moment de penser à ça. Il devait rester sur ses gardes. La petite cuisine ne contenait rien de précieux. Lars s'interrogea quant à la télé. Est-ce qu'elle valait vraiment le coup ?
Il s'en approcha, enjambant le matou et se mit à genoux devant l'appareil. Ce n'était pas le nec plus ultra, mais elle avait le mérite d'avoir de la gueule. Il pourrait peut-être en tirer une ou deux centaines de dollars, s'il s'y prenait bien lors de la revente... Mais elle allait être difficile à transporter, et il n'était pas sûr que le jeu en vaille réellement la chandelle.

Une exclamation étouffée retentit alors dans la pénombre de l'appartement. Il ne bougea pas d'un millimètre, continuant de faire semblant d'examiner la télévision. Il grinça des dents.

*Bon sang, j'en étais sûr... J'ai réveillé quelqu'un...*

Le chat, planté au milieu du salon, le toisait toujours sans rien dire qu'autre que des "Ronron" irritants. L'intrus avait plusieurs solutions en cet instant... Il réfléchissait à toute allure, cherchant la meilleure.
Il pouvait allumer la télévision et s'avachir dans le canapé en faisant semblant d'être ivre. Il dirait qu'il avait fouillé les tiroirs en ne comprenant pas pourquoi tout avait changé de place... Non, comment est-ce qu'il aurait pu crocheter la serrure dans un cas pareil ? Et puis, il avait une arme à feu qui battait sa hanche... Certes, elle était dissimulée sous sa veste mais elle restait facilement visible quand on y prêtait suffisamment attention. Idée à rejeter.
Il pouvait aussi sortir son Beretta et le pointer en direction de la chambre, en parlant d'un ton menaçant. Il dirait quelque chose comme "À terre, et pas de tentative stupide..." Mais si Halo tentait quelque chose de stupide malgré tout ? S'il (ou elle) avait une arme ? Il serait obligé de tirer, peut-être de blesser voire de tuer. Non, cette idée lui répugnait.

Le félin aux poils blancs s'approcha de lui en miaulant doucement. Elle était là, la solution. Lars caressa le chat plusieurs fois, lui murmura un petit "Je suis désolé, minou..." et l'attrapa en pointant son pistolet sur sa tête, entre les deux oreilles. La bestiole continuait de ronronner. Il ne devait pas comprendre qu'il était pris en otage. Lars ne lui ferait aucun mal, bien entendu. Déjà qu'il détestait blesser des humains, alors s'en prendre à des créatures sans défense... Cela le répugnait davantage.

- Procédons calmement et ce chat repartira vivant, clama le cambrioleur d'une voix étrangement assurée. Il espérait vraiment que le locataire des lieux aimait son animal de compagnie, ou il était foutu. Je sais que vous êtes là-bas. Sortez de la chambre tranquillement, les mains bien en évidence. Si vous avez une arme, merci de la déposer avant de vous montrer.

Le chat ne bronchait pas dans les bras du voleur. Il avait même l'air plutôt serein, avec ses yeux fermés et sa respiration vrombissante. Fichu chat, incapable de coopérer et d'avoir l'air inquiet...

Les bruits dans la pièce d’à côté cessèrent un instant, sans préambule, juste après qu’elle se soit saisie de son arme. Enfin s’il était possible d’appeler arme une lampe à chevet. Ce silence ne pouvait signifier qu’une chose : il l’avait entendue. Qu’est-ce qu’il faisait ? Il attendait qu’elle sorte peut-être ? Ou alors il était en train de se diriger vers elle pour la descendre à travers la porte ? Lenna frémit à cette pensée. Non, un tir ameuterait tout le quartier. A moins qu’il possède un silencieux. Il pourrait alors l’enterrer proprement et calmement sans que personne n’en sache rien.

Elle décida de s’approcher à nouveau de l’entrebâillement de la porte, trop angoissée de ne pas savoir ce qui se passait, et préférant découvrir la vérité par elle-même. Elle avançait penchée en avant, comme si le fait de réduire sa hauteur pouvait empêcher le plancher de craquer ou pouvait la dissimulait à un autre regard. Il n’y avait pas de fenêtre vers le salon. C’était complètement stupide. Le fil de son « arme » trainait sur le sol en prime, ce qui finit par la faire redresser pour éviter d’attirer encore plus l’attention sur elle. S’il trouvait ce qu’il cherchait, peut-être s’en irait-il ? L’objet le plus cher de son appartement se trouvait à son cou, et il était hors de question de l’ôter, pas même pour échapper à un voleur. Elle le portait nuit et jour, sans restriction. Et cela depuis la mort de sa mère.

Ses yeux s’étaient acclimatés à l’obscurité, et elle n’éprouvait plus de peine à discerner la silhouette du cambrioleur dans le salon. Lenna ouvrit de grands yeux incrédules en le voyant se saisir de son chat, qui ronronnait comme un imbécile au lieu de le griffer avec rage. Il avait dû le nourrir pour qu’il soit aussi câlin. Peut-être était-ce même le bruit des croquettes qui tombent dans la gamelle qui l’avaient réveillé. Mais que comptait-il en faire ? Le voler pour le revendre ? Cela lui semblait invraisemblable. Bon, tant qu’il s’occupait du chat, il ne s’en prenait pas à elle, c’était déjà ça.

- Procédons calmement et ce chat repartira vivant. Je sais que vous êtes là-bas. Sortez de la chambre tranquillement, les mains bien en évidence. Si vous avez une arme, merci de la déposer avant de vous montrer.

Quoi ? Il prenait son chat en otage ? Et il espérait la tenir en respect avec ça ? Ce chat elle ne faisait que le nourrir tous les soirs, le caliner… Bon, si, elle y tenait à ce chat. Et l’homme avait l’air décidé. Il n’hésiterait pas à tuer une pauvre bête qui ronronne pour qu’elle lui obéisse.

Elle devait poser son arme. Son regard tomba sur ce qu’elle tenait toujours en main, phalanges crispées dessus. Ce n’était pas vraiment une arme, alors elle n’était pas obligée de le poser. Elle pouvait avancer et lui jeter la lampe dessus pour qu’il relâche le chat. Avant de pousser la porte qui les séparait, Lenna n’oublia pas de glisser son pendentif sous sa chemise de nuit dont le froid du métal tomba dans son décolleté. Il ne fallait pas lui donner de mauvaises idées à ce voleur comique. Le cœur battant la chamade, elle poussa la porte de la chambre et voulut avancer vers lui tout en lui jetant la lampe à la tête. Sauf que le fil électrique qui pendait entre ses pieds en décida autrement et s’amusa à la faire trébucher.

Lenna effectua un vol plané, ouvrant la porte en grand par ce geste, et atterrit à quatre pattes sur le sol du salon. Elle grimaça de douleur et de surprise, se disant qu’elle ne faisait que ça ces derniers temps : se casser la figure devant quelqu’un d’autre. Elle se figea en voyant la taille de l’arme du voleur. Il ne plaisantait pas. Apeurée, son corps ne voulut pas réagir à l’ordre de se relever, et elle se contenta de le fixer sans émotions visibles, même si la peur vrillait son échine.

La porte de la chambre s'entrebâilla en craquant. Lars tourna son regard dans cette direction et son œil averti remarqua qu'il avait affaire à une demoiselle. Une silhouette fine, qui n'avait fait aucun bruit autre que le cri dissimulé à grand peine, quelques instants plus tôt. De plus, il lui semblait avoir reconnu une exclamation féminine, et l'intérieur de l'appartement ne correspondait pas tout à fait à un homme. S'il avait déduit tout cela en une fraction de seconde, rien ne le préparait à la suite.
Il ne vit la lampe de chevet que lorsque Halo trébucha et s'étala au sol avec fracas, laissant l'arme improvisée s'écraser un peu plus loin dans un bruit de verre brisé. Le chat, toujours captif des mains de Lars, ouvrit des yeux ronds comme des soucoupes face à cette agitation pour le moins bruyante et se contorsionna jusqu'à s'échapper. Il alla ensuite se glisser dans un coin sombre de la pièce, pour attendre que le calme revienne. Le cambrioleur braqua son arme sur la jeune femme, à quatre pattes devant lui. Tant qu'il devait simplement jouer la comédie, rien ne l'empêchait de faire le méchant...

- Vous n'auriez pas essayé de m'attaquer avec cette lampe, par le plus grand des hasards ? Alors que j'avais très clairement stipulé que je ne voulais aucune arme en votre possession... soupira le bandit aux rouflaquettes en soupirant théâtralement bien.

La tenue légère de Halo ne le dérangeait pas outre mesure. Il en avait vu d'autres, dans sa carrière. Surtout cette fois où la fille d'une bonne famille s'était retrouvée seule à la maison... Elle passait des heures dans la salle de bain à se pomponner, et Lars en avait profité pour voler trois tableaux, une boîte à bijoux et plus de 1000$ en cash. Et en prime, pendant son repérage, il avait pu se rincer l'œil. Bref, tout ça pour dire qu'une chemise de nuit ne lui faisait ni chaud ni froid. Il se contenta donc de sourire d'un air narquois, légèrement vicieux.

- Relevez-vous lentement, et allez vous asseoir sur votre canapé. Sans discuter, s'il vous plaît. Je vous accorde déjà une deuxième chance... ne la gâchez pas ! fit Lars en pointant le sofa du doigt.

Il gardait le canon de son arme braqué sur elle, en attendant qu'elle s'exécute. C'était l'heure de l'interrogatoire. Un cambrioleur doit savoir improviser. Et autant tirer le meilleur parti de la situation. Par mesure de précaution, il se tenait à l'écart de Halo, au cas où elle s'essaierait une nouvelle fois à des inepties héroïques insensées.

- Je vais commencer par me présenter : Ethan Stingson, je viens d'arriver en ville et, comme vous vous en doutez peut-être, je suis cambrioleur. Il avait dit cela avec tant de naturel que ça en devenait presque irréaliste. Est-ce qu'un véritable cambrioleur divulguerait de pareilles informations à quiconque ? Bah, il avait au moins dissimulé sa véritable identité.

Il patientait donc, attendant une réponse de sa part. Et surtout, attendant qu'elle s'installe dans son canapé.

Le chat profita du chahut provoqué pour s’enfuir. Disons plutôt que sa propriétaire l’avait effrayé, et qu’il avait préféré fuir les bras du gentil monsieur pour se réfugier dans un coin, hors de portée de Lenna. Elle aurait pu s’en agacer si l’homme n’avait pas soudainement braquer son arme sur elle. Elle était à quatre patte, il pensait vraiment qu’elle était une menace ? Son coup d’éclat avec la lampe n’avait vraiment pas été un franc succès. Elle aurait un bleu.

- Vous n'auriez pas essayé de m'attaquer avec cette lampe, par le plus grand des hasards ? Alors que j'avais très clairement stipulé que je ne voulais aucune arme en votre possession...

Soupira l’homme d’un air théâtral. Un peu plus, et elle se verrait dans un film. Elle avait bien envie de lui lancer un regard noir, mais ce n’était certainement pas une bonne idée si elle tenait à la vie. Il lui donnait des ordres, chez elle, alors que c’était lui l’intrus. Enfin, c’était aussi lui qui était en position de force. Elle tint sa langue, alors qu’elle avait une folle envie de lui signifier qu’une lampe n’était pas vraiment une arme, et se contenta d’un regard fier.

- Relevez-vous lentement, et allez-vous asseoir sur votre canapé. Sans discuter, s'il vous plaît. Je vous accorde déjà une deuxième chance... ne la gâchez pas !

Il désigna le canapé, comme si elle n’avait pas compris ses paroles. Elle se releva, le fixant du regard pour tenter de cerner ses intentions. Ses mains replacèrent sa chemise de nuit qui ne couvrait plus tout à fait sa poitrine, et descendirent le pli arrière pour recouvrir son postérieur. Elle n’allait tout de même pas se donner en spectacle en prime. Elle repoussa sa mèche d’un geste rapide, redonnant une apparence de coupe à ses cheveux.

- Je vais commencer par me présenter : Ethan Stingson, je viens d'arriver en ville et, comme vous vous en doutez peut-être, je suis cambrioleur.

Ah parce qu’il lui donnait son nom en plus. Mais qu’est-ce que c’était que ce cambrioleur de pacotille ? Déjà il prenait son chat en otage et maintenant il se présentait. Lenna s’avança tout en le regardant, à moins que ce ne fût l’arme qu’elle surveillait du coin de l’œil. Son cœur continuait de palpiter à vive allure, tandis qu’elle s’approchait de l’homme. Il n'avait pas pris la peine de couvrir son visage et elle pouvait observer tout à loisir sa peau blanche et ses cheveux d'un noir de jais.

Depuis quand les cambrioleurs donnent-ils leur nom ?

Oui, elle n’avait pas pu s’en empêcher. Même s’il braquait un flingue sur elle. Elle obéit cependant avec prudence, sentant sous ses pas qu’un bleu était en train de se former à son genou. Elle s’assit dans le canapé, et le toisa du regard, attendant qu’il lui dise ce qu’il attendait d’elle. Il était en train de perturber sa nuit, ses habitudes. Lenna commençait à éprouver une certaine rancœur.

Lars vit avec satisfaction que Halo obtempérait sans rechigner. Il lâcha un profond soupir d'aise quand elle se dirigea vers le canapé pour s'y installer. Il ne put s'empêcher de glousser doucement quand elle tenta de camoufler son anatomie. Elle avait l'air assez... sauvage. Elle n'avait pas peur de garder les yeux sur lui. La plupart des gens qui se trouvaient avec le canon d'une arme à feu pointé dans leur direction avaient pour la plupart ce réflexe de détourner le regard. Comme si cela empêcherait le tireur de faire feu, par une quelconque magie qu'il ne s'expliquait pas. Quand elle l'interrogea sèchement, Lars préféra l'ignorer.

- Je suis ici pour m'emparer de vos biens de valeur. J'ai un peu fait le tour de la cuisine, à part des croquettes et un chat, je n'ai pas trouvé grand chose. Vous vivez seule ici ?

La question avait le mérite d'être directe. Elle servait aussi plusieurs buts. Premièrement, il saurait s'il devait s'attendre à trouver un petit copain furieux. Ensuite, il pourrait se faire une idée plus précise des biens qu'elle possédait. L'appartement était modeste, et si elle vivait vraiment seule... elle n'avait peut-être pas d'économies de côté.
Il avait cru bien faire en ne s'attaquant pas à trop haut pour son premier braquage, mais il avait apparemment fait l'erreur de s'attaquer à trop bas. S'il préférait les objets de luxe, c'était pour deux choses : les propriétaires étaient souvent des personnes aisées qui pouvaient se permettre d'acheter des babioles hors de prix, et c'était également beaucoup plus lucratif. Dépouiller une célibataire ne lui apporterait rien d'intéressant, en fin de compte...

Il étudia la jeune femme d'un regard inquisiteur, comme s'il cherchait à sonder ses pensées. Il lui adressa ensuite un sourire franc. Pourquoi ? Il n'en savait rien lui-même. Probablement parce qu'il avait été stupide et qu'il s'en rendait compte seulement maintenant, dans une situation critique pour lui. Elle avait vu son visage et il allait repartir les mains vides...

- Quant à mon nom... comment est-ce que vous allez faire pour donner votre déposition à la police si je ne vous le dis pas ?

Garder son identité secrète était une chose. Tenter de fausser les pistes en balançant plusieurs autres identités en était une autre, et parfois des plus appréciables. Même si Halo pouvait se douter qu'il s'agissait d'un nom d'emprunt tout ce qu'il y avait de plus factice, elle le communiquerait peut-être à la police, en se disant qu'il avait déjà employé le pseudonyme là quelque part avant. Ce qui n'était pas le cas, puisqu'il en inventait toujours un différent. Dans tous les cas, il était sûr de conserver son véritable nom à l'abri. Tromper la police n'était que la cerise sur le gâteau, un petit bonus dispensable.

Il ignora sa question pour en poser une nouvelle, montrant ainsi que c’était lui le maitre de la conversation et non elle. Ce n’était pas des manières de faire.

- Je suis ici pour m'emparer de vos biens de valeur. J'ai un peu fait le tour de la cuisine, à part des croquettes et un chat, je n'ai pas trouvé grand chose. Vous vivez seule ici ?

Devait-elle lui répondre ? Elle pouvait s’inventer un mari jaloux qui travaillait de nuit, ou qui ne tarderait pas à rentrer. Ainsi le voleur déguerpirait aussi vite qu’il était venu et sans demander son reste. Ou alors, il pouvait aussi vérifier ses dires, et lui faire payer ses mensonges par une balle dans la tête. Les poils de ses bras se hérissèrent de chair de poule, et il n’y avait pas le moindre courant d’air frais. Même si peu vêtue, la calme fraîcheur de la nuit n’arrivait pas à gagner ses membres. Le cambrioleur lui adressa un sourire plein de franchise. Voulait-il la mettre en confiance pour la faire parler ?

- Quant à mon nom... comment est-ce que vous allez faire pour donner votre déposition à la police si je ne vous le dis pas ?

Il donnait son nom pour qu’elle aille bien à la police. Là, c’était vraiment se moquer du monde. A moins que ce ne soit pas le vrai ? Sinon, il devrait déjà être sous les verrous, à force de donner son identité à toutes ses victimes. Enfin, il attendait un réponse, et elle était réveillée maintenant.

Mon mari…

Non, elle n’arrivait pas à mentir sur sa vie sentimentale. Cela ravivait trop de souvenirs douloureux. Elle aurait pu être mariée à cet instant, mais le destin torve en avait décidé autrement. Ses mots s’avalèrent dans sa salive et elle baissa la tête sur son annulaire dépourvue d’alliance en secouant la tête. Il n’y avait personne. Et c’était bien là sa plus grande peine. Elle reprit sa respiration pour calmer ses pensées qui agressaient le cocon paisible qu’elle avait créé laborieusement. Le personnel soignant avait fait jeté sa bague de fiançailles pour l’aider à se reconstruire. Même ça, elle n’avait pas eu le droit de le conserver. Et lui, il lui demandait si elle vivait seule ! Il le faisait exprès ! C'était un emmerdeur fini, et ce sentiment se fit sentir dans les mots qu'elle lui jeta.

Ce n’est pas moi qui vous dirais quoi voler. C’est vous le spécialiste.

Oui, il commençait à l’agacer avec ses questions. Il n’avait qu’à se débrouiller tout seul aussi. Un vrai voleur savait où il mettait les pieds, préparait le terrain, quelque chose du genre non ?

Enfin, normalement.

Une lueur de malice s’alluma dans ses yeux, sa personnalité réelle s’éveillant loin de ses habitudes mécaniques de robot.

Une telle attitude était quelque peu déconcertante, mais il faut savoir que Lenna ne faisait pas grand cas de sa propre vie. Elle n’avait jamais eu le courage nécessaire pour y mettre fin totalement, malgré les nombreuses marques d’auto-mutilation présentes sur son bras gauche. Mais ce n’était pas pour autant, qu’elle y tenait tant que ça à sa vie. Limite si elle ne tenait pas plus à la vie de son chat qu’à la sienne propre. Celui-là d’ailleurs se mit à ronronner dans son coin, ayant surement trouvé son survêtement pour s’y blottir avec délice sur la chaise de la cuisine.

La jeune femme s’appuya contre le dossier du canapé en soupirant. S’il avait voulu lui faire du mal, voilà longtemps qu’il l’aurait fait plutôt que de l’interroger sur un endroit confortable. Il l’empêchait de dormir, et c’était bien cela qui l’énervait le plus. Demain matin ne serait pas une journée habituelle, puisqu’elle n’aurait pas assez dormi, et cela risquait de provoquer un effet boule de neige. Rien que l’idée de perturber tout cela l’angoissait. Elle avait presque envie de lui demander s’il comptait dormir là, mais se contenta d’un regard interrogateur, faisant preuve d’un peu de prudence malgré tout.

Son mari allait débarquer ? C'était bien ce qu'elle venait de dire ? Machinalement, il regarda la porte d'entrée dans un coup d'œil fugace. Un calme plat régnait encore dans le bâtiment - toujours à l'exception de la fiesta du quatrième étage. Pourtant, Lars décela dans la voix et sur le visage de la jeune femme comme une sorte de mélancolie, de réserve. Même jusque dans la posture qu'elle adopta, il y reconnut une tristesse ou une noirceur qu'il ne pouvait pas s'expliquer. Et qu'il ne pourrait jamais s'expliquer. Son regard se porta sur les mains dénudées de Halo. Dénudées puisqu'elles ne comportaient aucune alliance.
Est-ce qu'elle avait menti ? Elle avait essayé, Lars en était persuadé. Mais quelque chose l'avait empêché d'achever son mensonge. Il ne regardait plus les doigts de sa prisonnière, presque de peur de paraître impoli et indiscret. Il avait reporté son attention sur son visage. Il avait vu tellement de réactions différentes quand les gens se retrouvaient menacés par son pistolet... des pleurs, des rires, des supplications, des propositions d'argent, des tentatives d'intimidation ou de séduction... mais il n'avait jamais vu quelqu'un se renfermer de la sorte. Ce moment s'avéra malgré tout très court. Avec une rapidité déconcertante, elle était passée d'une jeune femme célibataire morose à autre chose.

- Ce n’est pas moi qui vous dirais quoi voler. C’est vous le spécialiste... Enfin, normalement.

Touché. Cette fois, il éclata carrément de rire. Il aurait pu être énervé qu'elle réagisse comme ça et qu'elle se moque presque ouvertement de lui. Mais elle avait raison à 100% non ? Il n'avait rien préparé du tout, il avait simplement débarqué dans le voisinage et s'en était pris au premier appartement qui lui paraissait attrayant. Quel idiot il avait fait, décidément ! Il était tombé sur du vide, sans rien à voler. Erreur de débutant.
Son rire s'intensifia, à tel point qu'il dut s'appuyer contre le dossier d'une chaise. Le canon de son fusil quitta même le visage de la jeune femme quelques secondes.
Au moins, elle était encore capable de réfléchir à des réparties cinglantes, et elle avait suffisamment de tripes pour les lui lancer en pleine figure.

- Hahaha ! Vous avez entièrement raison, Halo. Le problème, voyez-vous, c'est que les biens de valeur que je recherche ici ont peut-être plus de valeur pour vous que pour moi. Non, je devrais plutôt dire qu'ils ont très certainement moins de valeur pour moi que pour vous.

Une nuance qu'il avait désiré apporter. Il se plaçait au centre du dilemme, démontrant qu'il se préoccupait davantage de ses intérêts personnels que de ceux de la jeune femme. C'était surtout un moyen de se sauver la face. Il devait penser à une solution de secours.

- Mais j'ose espérer que vous disposez d'autres... ressources. Pour vous dire la vérité, je comptais utiliser vos objets de valeur comme un prétexte pour autre chose.

Il marqua un temps d'arrêt en dévisageant Halo des pieds à la tête. Il prit bien garde d'arrêter ses yeux à des endroits intimes, qui en disaient long sur ces "autres ressources". Si elle pouvait croire ne serait-ce qu'une dizaine de secondes qu'il en avait après son corps... Il pourrait tourner l'esprit de la jeune femme vers autre chose que son échec de la soirée, et sa piètre prestation de cambrioleur. Il gagnait également du temps, pour trouver quelque chose... Quand l'idée lui vint.

-J'ai besoin de quelqu'un comme vous pour préparer mes prochains coups. Le quartier Nord. Je veux en apprendre un peu plus sur l'endroit.

Ça lui semblait plausible. Il pouvait très bien s'en être pris à quelqu'un de moins surveillé que les résidents du quartier Nord pour justement récolter des informations sur ledit quartier. Les possessions qu'il aurait pu dénicher n'auraient alors été que la cerise sur le gâteau.

Il faillit soupirer de soulagement mais se retint.

Le voleur, loin de s’agacer de sa question, rit aux éclats. Alors ça, si elle avait pu le prévoir… Il avait l’air de trouver tellement ça drôle qu’une chaise se trouva comme son appui alors que le fusil quittait son visage. Elle aurait pu en profiter, s’enfuir, courir, mais elle était tellement surprise de cette réaction, que le temps de se ressaisir, l’arme la menaçait à nouveau.

- Hahaha ! Vous avez entièrement raison, Halo. Le problème, voyez-vous, c'est que les biens de valeur que je recherche ici ont peut-être plus de valeur pour vous que pour moi. Non, je devrais plutôt dire qu'ils ont très certainement moins de valeur pour moi que pour vous.

Si son appartement n’était pas assez riche pour lui, il pouvait très bien partir, elle ne l’en empêcherai pas au contraire. Mais ce voleur avait l’air d’être un bavard, puisqu’il continua sur sa lancée, avec une proposition bien plus gênante.

- Mais j'ose espérer que vous disposez d'autres... ressources. Pour vous dire la vérité, je comptais utiliser vos objets de valeur comme un prétexte pour autre chose.

Mais c’est qu’il la reluquait ! Le rouge lui monta aux joues, plus du tout habituée à ce genre de regard. Encore moins dans son appartement. Julien était mort il y a 4 ans, et depuis… Bref je ne vais pas vous expliquer le détail, vous avez compris. Aucun homme n’avait mis les pieds dans son appartement depuis. Lenna prit le coussin du canapé et le plaça contre elle en le serrant dans ses mains. Monsieur n’aurait alors plus de raisons de la regarder. Il devrait se concentrer sur ses yeux qui le lynchaient.

-J'ai besoin de quelqu'un comme vous pour préparer mes prochains coups. Le quartier Nord. Je veux en apprendre un peu plus sur l'endroit.

Et maintenant il avait besoin d’elle ? Il lui faisait perdre sa nuit, et en plus il voulait de ses conseils ? Et un café peut-être ? Ses pensées partirent plus vite que son contrôle sur ses paroles.

Vous voulez venir vous asseoir dans le canapé aussi peut-être ?

Elle se pinça les lèvres en se rendant compte de sa pique. S’il était violent, il pourrait le prendre mal et décider de… oh, il pourrait la déshabiller de force ? Lenna ne put s’empêcher de frémir à cette idée et tenta de répondre de sorte à le satisfaire. Plus vite il serait satisfait, plus vite il partirait, plus vite elle pourrait retourner se coucher. Oui, qu’il lui vole quelque chose à la rigueur elle s’en moquait. Son pendentif était bien au chaud sous sa chemise de nuit, elle n’avait rien à craindre tout compte fait. Mais soyons-polis, et répondons lui. Elle prit donc son ton le plus gentil et poli :

Qu’est-ce que vous voulez savoir ?

Elle en profita pour le dévisager, essayant de cerner sa personnalité, pour le moins étrange.

- Vous voulez venir vous asseoir dans le canapé aussi peut-être ?

Lars haussa un sourcil. Il avait affaire à une personne très changeante. Même si, dans le fond, il savait qu'elle était sauvage et indomptable depuis le désastreux épisode de la lampe. En guise de réponse, il se rapprocha légèrement d'elle, un grand sourire sur les lèvres. Il ne dit rien du tout mais lui fit un clin d'œil des plus avenants.

- Qu’est-ce que vous voulez savoir ?

Excellente question. Qu'est-ce qu'il voulait savoir ? Il n'avait jamais franchi les barrières du quartier septentrional, il ne savait donc strictement rien à son sujet.

- De quel genre d'endroit s'agit-il ? Est-il vraiment si riche que l'on dit ? Combien abrite-t-il d'habitants ? Quel genre de personnes vivent là-bas ? Des familles riches qui restent en permanence chez eux ? Des touristes fortunés ? Des patrons d'entreprises ? Est-il hautement sécurisé ?

Une avalanche de questions pour la jeune Halo. Le minimum vital, d'après lui. Il n'était pas sûr qu'elle connaisse la réponse à ces questions. La plupart du temps, les gens ignoraient tout de la ville dans laquelle ils vivaient. C'était précisément les touristes et les gens de passage qui leur apprenaient des choses. Eux s'étaient renseignés. Mais les résidents locaux... Ils avaient tellement l'habitude qu'ils en perdaient toute notion d'intérêt pour leur patrimoine, même s'il était riche.
Mais, de toute façon, même si elle ne répondait pas à toutes ses interrogations, le plan de Lars aurait été rempli. Il aurait camouflé son échec.

Avant même qu'elle n'ait pu tenter de répondre, quelqu'un frappa avec vigueur à la porte d'entrée de l'appartement. Le cambrioleur se raidit alors que le chat bondissait une nouvelle fois de son havre de paix. La personne avait toqué si fort...

- Alloooo ! David ! T'es là ? Ouvre la porte ! Hic... Bordeeeel, j'ai... zoublié mes c... clés ! DAVID ! J'ai envie de pisser !

Un des jeunes du quatrième, sans aucun doute. Qu'est-ce qu'il fabriquait là ?

- En plussss ! J'ai pas retrouvé... le mec de l'interph -hips- one ! Il s'est perdu, le coooon ! Hahahaha, le con ! Il s'est perdu dans des escaliers... Pfffft - hahahahaha !

Un bruit de glissement sourd indiquait que le jeune homme venait de s'appuyer contre le mur pour s'avachir sur le sol.

- Pipiiiiiiii !

Lars pesta à mi-voix.

- Qu'est-ce que cette soirée de merde, bon sang ? Il se tourna vers Halo. Va ouvrir. Et n'oublie pas que j'ai une arme pointée sur toi. Et que ce môme est tellement beurré qu'il se plante de deux étages. Un faux geste, un mot de travers... Et il mima un coup de feu en direction de la jeune femme.

Un vrai moulin à paroles, ou plutôt à questions. Lenna tentait de remettre de l’ordre dans son esprit pour aligner les réponses comme il avait aligné les questions. Il cherchait des informations auprès de sa victime de cambriolage ? C’était une façon de procéder qui était peu commune, et la jeune femme s’en étonnait. Surtout qu’elle n’allait pas être d’un grand recours, elle qui vivait dans sa bulle bien cloisonnée pour ne surtout laisser entrer rien ni personne. Et voilà que lui entrait dans son appartement, lorgnait son intimité et voulait la faire agir comme il le voulait. Tout en était bouleversé. Elle peinait à conserver sa carapace qu’il s’échinait à lui ôter par ses manières intrusives.

Elle n’eut pas le temps de répondre que quelqu’un toqua violemment à sa porte. Elle vit un éclair blanc, surement le chat qui partait se réfugier dans sa chambre, dans son lit… Son lit l’appelait tellement. La voix d’ivrogne arriva à ses oreilles. Comment pouvait-on boire au point de ne plus savoir compter les étages… Lenna ne comprenait pas cette façon de s’amuser. Elle qui n’avait jamais eu assez d’argent en son temps d’étudiante, et qui désormais ne vivait pas vraiment, ces rites lui étaient plus qu’obscurs.

Elle entendit le voleur râler, étant ce coup-ci totalement d’accord avec lui. Puis ils seraient interrompus, plus il partirait tard de chez elle. Il lui intima de ouvrir. Lenna se releva dignement, autant qu’on pouvait le faire en chemise de nuit. Son mime de coup de feu la fit frémir, et une sueur glacée lui coula dans son échine. Elle acquiesça de la tête, son agacement mouché par ce geste.

Lenna s’approcha de la porte, découvrant qu’elle n’était plus fermée. Evidemment, il n’était pas entré par la fenêtre. Elle se traita d’idiote en pensée et ouvrit la porte devant l’ivrogne. Celui-ci était avachi contre le mur à côté de la porte. Il leva les yeux vers elle d’un air surpris.

Hééé, Daviiid ! T’m’avais pas dit que y’avait d’filles… en p’tite tenue –hic P’don m’oizelle, faut j’aille pisser là… d’dans.

L’ivrogne se relevait avec peine en titubant, bouteille de bière à la main, et s’avançait vers elle. Il puait à plein nez l’alcool. Lenna détourna la tête dans une grimace de dégout et le stoppa net avec son bras tendu.

Pas ici !

J’sais qu’j’ai un corps de… de dieu m’faut pas qu’tu… qu’j’ai…

L’imbécile était en train de tourner de l’œil, et son visage devenait livide. Lenna recula précipitamment mais un peu tard. Une gerbe de vomi l’éclaboussa entièrement, pendant que le jeune tombait à genoux et finissait de vomir sur son parquet. Ses coudes lâchèrent et il atterrit dans sa flaque, tête la première. Il la tourna et fit une bulle des plus… appétissantes.

Y’a pas d… de…

Un ronflement signifia toute sa flegme aux occupants de l’appartement. Dégoutée, la jeune femme saisit les bords de sa chemise par le bas pour se débarrasser du vomi, avant de se rappeler qu’elle avait un spectateur. Empester ou se montrer nue ? Il valait encore mieux puer… Elle jeta un air interrogateur au cambrioleur.

J’peux me changer ?

Alors que Lars se disait que la soirée n'aurait pas pu être pire, il se rendit compte qu'il n'avait jamais eu aussi tort. L'éthylique, joyeusement rempli, venait de franchir le seuil de la porte, bousculant nonchalamment Halo. Le cambrioleur cacha son arme dans son dos en priant pour qu'il ne l'ait pas vue. Un type bourré pouvait rameuter le quartier entier en quelques secondes en poussant des cris terrifiés.
Bien impuissant, il le regarda s'affaler au sol dans une mare de vomi alors qu'il venait de copieusement asperger Halo, tout en baragouinant des propos insensés.

- Ah ! De la gerbe ! lâcha Lars en sortant son pistolet de sa cachette pour le repointer vers la jeune femme. Retourne t'asseoir sur le canapé, et magne-toi !

Il perdait patience. Pourquoi, dans cette soirée, rien ne se passait comme prévu ? C'était quoi, la suite ? Une panne de courant dans le quartier ? Un avion qui s'écrase à côté ? Ou pire, une météorite qui transporte des aliens avec elle ?
Il s'approcha de sa prisonnière et la fit se rasseoir de force sur le sofa, si cela n'était pas déjà fait. Il ne perdait pas souvent son calme, mais fallait reconnaître que là... Et c'est là qu'il remarqua qu'elle avait salement touchée par les projectiles immondes du jeune homme. Il fit la moue et secoua sa main d'un air dégoûté.

- Ouais, hors de question que tu restes comme ça... Par contre, tu comprendras facilement qu'après le coup de la lampe, je vais pas risquer de te perdre de vue une nouvelle fois. J'essaierai de pas trop reluquer, t'en fais pas, avertit Lars d'une voix irritée.

Il fallait qu'elle se dépêche. Il devait cacher le corps endormi et souillé quelque part, et surtout, surtout... nettoyer cette flaque horrible. Ça commençait à sérieusement puer dans l'appartement.

- Et juste après, je vais devoir te ligoter. Faut faire un peu de ménage, et même si tu me promets d'être sage, je te croirai pas. Une préférence pour ta corde ? Rideaux, draps, vêtements ? T'apprécieras pas les nœuds, de toute façon, je te le garantis.

Il l'incita à se hâter avec de petits gestes de pistolet. Si en plus de ça elle tentait de se rebeller... Ben la soirée aurait vraiment été pourrie.

Le cambrioleur perdait patience, et Lenna ne le comprenait que trop bien puisqu’elle aussi commençait également à ne plus supporter cette soirée infernale. Il s’agitait comme la mouche du coche, à tourner autour d’elle, tout en la désignant de son arme qui ne la quittait pas d’un poil. A croire que sa main y était collée. Il y tenait comme à sa propre femme.

C’est vous qui avez voulu que j’ouvre la porte !

La porte serait restée fermée, ce ne serait pas arrivé. L’ivrogne aurait quitté le palier, où se serait endormi devant au lieu de tomber à leurs pieds. Elle ne réagit pas assez vite puisque le voleur l’envoya s’asseoir sur le canapé en la bousculant quelque peu. Il s’énervait c’était le cas de le dire. Lenna lui lança un regard mauvais, appréciant peu d’être traitée comme du bétail dont il fallait soutirer tout le lait, enfin les informations, puisqu’il n’y avait rien à voler.

Parce qu’elle avait le droit de choisir la corde pour l’attacher ? Quel grand honneur lui faisait-il là, digne d’une princesse. Après son autorisation, ou plutôt dégout devant le massacre, Lenna se dirigea vers sa chambre, suivie de près par l’homme et son flingue.

Vous savez, je ne vais pas m’enfuir de mon appartement.

Elle était très agacée aussi, oui, et en oubliait carrément toute prudence. Elle ouvrit en grand les portières de l’armoire, manquant cogner le nez du voleur qui la suivait de TROP près. Si avec ça il n’avait pas compris… Elle prit un des vieux T-shirt de son fiancé décédé, le plus informe possible.

Tournez-vous !

Elle attendit que celui-ci s’exécute, avant de lui tourner le dos. Personne ne dormait avec un soutien-gorge, et elle était gênée à l’idée qu’il puisse en profiter. Elle ôta les bras de sa chemise, puis enfila ses bras dans le T-shirt avant de faire tomber la chemise de nuit derrière elle – s’il était encore trop près, c’était tant pis pour lui – et d’enfiler rapidement le T-shirt par sa tête. Elle s’empressa de le tirer pour couvrir son derrière et se retourna en sortant ses cheveux du col.

Vous n’avez qu’à prendre ce drap, si vous tenez tant que ça à m’attacher.

Elle croisa les bras, attendant de le voir défaire le lit. Non, elle ne comptait pas l’aider d’un pouce.

Lars soupira. Il ne s'attendait pas à ce que Halo lui vienne en aide pour ce genre d'événements, mais il avait espéré un peu plus de compréhension de sa part. Entre l'autre déchet qui faisait de l'apnée dans son vomi et le t-shirt souillé de la jeune femme, l'odeur devenait vite insupportable. Le cambrioleur posa une manche devant son nez et la suivit dans sa chambre.

- Vous savez, je ne vais pas m’enfuir de mon appartement, lâcha Halo en semblant s'emporter elle aussi, en témoignait la porte qu'elle avait failli éclater contre le visage de Lars.

Ce dernier recula d'un pas, profitant du fait qu'elle ait le nez fourré dans ses affaires pour baisser son bras. Mine de rien, il commençait à lui faire mal.

- Tournez-vous ! ordonna-t-elle ensuite d'une voix forte et autoritaire.

Lars sursauta et s'exécuta, avant de remarquer que c''était normalement lui qui devait commander l'autre, et pas l'inverse. Il attendit malgré tout qu'elle se soit changée, voyant le t-shirt sali s'envoler juste à côté de lui. Il effectua un petit bond de cabri sur le côté.

- Si je veux t'attacher, c'est parce que tu as essayé de m'attaquer avec une lampe. Je serais pas tranquille si je devais dégager cette viande saoule avec toi derrière.

Elle lui indiqua ensuite que le drap lui conviendrait pour être attachée. En voyant qu'elle ne bougeait pas, Lars soupira une nouvelle fois. Non, décidément, les victimes n'étaient jamais coopératives. Il attrapa le drap et l'ôta d'un seul bras, et fit signe à Halo de se retourner. Quand elle lui eut tourné le dos, il posa son arme et fit un nœud, le plus serré possible, et la ramena sur son canapé. Là, il l'installa et rangea enfin son arme à feu.

- Bon... À nous deux mon gaillard... fit Lars en attrapant les chevilles du jeune homme ivre.

Il le traîna dehors, referma la porte - au cas où - et le prit ensuite sur ses épaules avant de gravir les marches qui menaient au quatrième étage.

- Si mon costume est dégueulasse, je jure que je reviendrai vous voler tout ce qu'il y a dans votre frigo... menaça Lars. Des menaces proférées dans le vide, mais s'il venait vraiment à piller les vivres d'un étudiant... Il gagnerait un aller simple pour l'Enfer, il le savait.

Une fois devant l'appartement du fêtard, il appuya sur la sonnette et redescendit chez Halo. Vraiment, ça sentait pas bon. Il grimaça et dépassa le canapé, ouvrant placards et fouillant chaque recoin pour finalement dégotter... une serpillière !

Il l'imbiba d'eau et commença à nettoyer le sol, juste devant les yeux de Halo.

- Bon, et si on en revenait à nos moutons ? Ce quartier Nord ? reprit Lars en essorant une première fois la moumoute de sa serpillière dans un seau d'eau.

Le voleur soupira tout en l’attachant d’un nœud très serré avec le drap de son propre lit. Heureusement qu’elle était trop grande pour les pipis au lit… Elle se laissa faire docilement, ne voyant aucune échappatoire à ses liens. Sa nuit était foutue désormais, il fallait bien l’admettre. Mais il ne perdait rien pour attendre, elle aurait tôt fait de déposer une plainte contre lui, même si au vu du fiasco de cette nuit, il n’oserait surement plus mettre les pieds dans son appartement. Il faudrait qu’elle pense à faire installer une alarme, mais son chat risquerait de la déclencher par inadvertance, vu le filou qu’elle se coltinait.

Le voleur tira le corps soûl hors de son appartement, et referma la porte derrière lui. Enfin seule, elle reposa la tête contre le canapé, fermant les yeux un instant. Le chat profita de ce moment silencieux pour revenir explorer son territoire, marchant sur le bar, puis venant s’asseoir sur le haut du dit canapé. Ses moustaches chatouillèrent le visage de Lenna qui ouvrit les yeux pour le regarder agir, alors qu’elle-même était bien bloquée sur son assise.

Elle regarda le voleur en silence revenir et fouiller toute la maison jusqu’à ce qu’il trouve… une serpillière ! Quoi ? Il allait nettoyer son appartement, et gratuitement ? Lenna ne put s’empêcher de sourire en le voyant faire.

- Bon, et si on en revenait à nos moutons ? Ce quartier Nord ?

Il reprenait ses questions. Dire qu’elle n’en savait pas grand-chose risquait de le mettre en colère.
Autant jouer le jeu, elle lui devait bien ça après son petit nettoyage offert par la maison.

C’est le quartier le plus riche de la ville. Vous y trouverez les habitations les plus riches de la ville, mais elles sont bien protégées. Sans compter les magasins qui sont luxueux pour la plupart.

Elle haussa les épaules, le regardant agir sur son sol. Elle ne pouvait rien dire de plus, à part un petit quelque chose…

Il reste une petite tâche près de votre pied.

Oui elle se moquait. Elle n’était plus à ça près, déjà ligotée comme un saucisson et à sa merci totale.

La serpillière entre les mains, les oreilles tendues, Lars écoutait. Il écoutait mais n'étais pas satisfait. Il savait déjà tout ça. Il se doutait que là où il y avait des richesses, il y avait une protection en suffisance. Bien malgré lui, il poussa un profond soupir.

- Mh... Ce sont des informations dont je disposais déjà, malheureusement... dit-il d'un ton grave en regardant Halo.

Elle lui fit remarquer qu'il restait un peu de vomi, non loin de sa chaussure. Il s'empressa de nettoyer puis patienta, le menton posé sur le manche de la serpillière. Il réfléchissait.

- Depuis combien de temps êtes-vous à Palema ? demanda-t-il finalement.

Si elle y était depuis un certain temps mais qu'elle ne connaissait que si peu de choses à propos du quartier Nord, c'était que, de toute évidence, le côté septentrional de la ville était comme un petit monde à part. Il fallait en faire partie pour connaitre des choses à son sujet. En soi, ce n'était peut-être pas une grosse information, mais il pouvait malgré tout s'en servir. Rien que pour déterminer le genre d'endroit dont il s'agissait en définitive.

- Est-ce que vous êtes déjà allée dans ce quartier ? Vous promener, ou acheter des choses ?

Evidemment qu’il possédait déjà ce genre d’informations… C’était évident, tout de même. Il était entré dans cet appartement juste pour ça ? C’était une blague ?

- Depuis combien de temps êtes-vous à Palema ? - Est-ce que vous êtes déjà allée dans ce quartier ? Vous promener, ou acheter des choses ?

Voilà qu’elle se retrouvait face à un inspecteur de sa vie. Elle ne voyait cependant aucune raison de mentir, et répondit avec simplicité.

J’y suis née. Je vais y acheter des produits de luxe. Enfin, j’y allais…

Elle n’achetait que le strict nécessaire désormais, laissant son compte se gonfler silencieusement de ce qu’elle n’avait besoin : l’argent. Pour qui faudrait-il se faire belle ? Pour quelle famille devrait-elle acheter des robes ajustées ? Elle soupira de fatigue et de lassitude.

Si vous avez fini, vous pouvez me détacher et quitter mon appartement.

Elle laissa sa tête se reposer sur le dossier du canapé. Elle aspirait à un sommeil qui serait le bienvenu et à la tranquillité.

[HRP: désolé c'est court, mais en dialogue il n'y a pas beaucoup d'actions à faire ^^]

Le voleur décida qu'il avait eu assez d'informations et que tout cette comédie avait bien assez durée.
Lenna enregistra ensuite vaguement les lignes de bus pour se rendre au commissariat après son travail demain.
Elle posa son tailleur propre pour le lendemain, et repartit se coucher, après avoir vérifiée que tout était bien fermé. Demain serait un jour meilleur. Non à vrai dire. Mais ça elle ne peut pas le deviner. Ce soir n'était qu'un avant-gout.

[Finish : je les fais fuir *-*]