Bar "Chez Duke":

La nuit était encore plus tombée, il devait être maintenant 20h passées. Evidemment, le bar était n’était pas si loin de leur point de départ, mais John s’était perdu sur la route et avait, au moins, doublé le temps de trajet. L’avantage, c’était que Leeroy ne connaissait pas vraiment le quartier, et n’avait pas pu se rendre compte des quelques soucis d’orientation de John. Une fois rentrés dans le bar, ils trouvèrent une petitepascmbtable excentrée, coup de chance vu l’heure de pointe.

John était peu déçu de son choix de bar en fin de compte. Cela ressemblait plus à une sortie de mélange entre un bar et une boite de nuit, quoiqu’avec des endroits pour VIP. On s’y sentait presque qu’à l’Est en fin de compte, et John y ressentait un certain malaise. Il était ici pour discuter avec Leeroy, et non pour finir ivre mort. Surtout qu’il buvait très peu, et l’alcool pourrait lui délier un peu trop la langue.

Une fois assis, John réfléchi quelques peu à ce qu’il voulait dire. Il ne voulait pas faire croire à une sorte de rendez-vous galant à Leeroy. John s’intéressait très peu à cela –encore moins aux hommes-, et ne cherchait qu’à se faire un ami. Au bout de quelques instants, il se lança.

« - Bon, j’imagine qu’on est là pour discuter en fait… Du coup, Leeroy Stone, que fais-tu dans la vie, si tu n’es pas flic ? »

C’était simple, clair et concis. C’était rare chez John. En attendant la réponse de Leeroy, il se demandait ce qu'il pourrait bien inventer sur sa vie. Peut-être serait-il un enfant de la rue ? Un type qui a fait faillite ? Un étudiant en art qui s'est perdu ? Il n'avait pas encore décidé, mais en tout cas, il ne se voyait pas dire de but en blanc à Leeroy qu'il était un voleur philanthrope qui avait voué sa vie à rétablir l'équilibre entre pauvre et riches. Non, définitivement, ce ne serait pas une bonne idée.

En fait, Leeroy avait parfaitement su que John n'arrêtait pas de se tromper de chemin à partir d'un petit moment. En fait, le seul endroit du quartier qu'il connaissait un peu était les alentours du bar de « Chez Duck », après tout, il était déjà venu boire plusieurs fois dans ce bar. Les services et les boissons n'étaient pas chers ctc dans ce quartier. En même temps, ce n'était pas dans cet endroit qu'il fallait espérer pouvoir mettre des articles cher, ils ne se vendraient jamais sinon.

Trouvant cela particulièrement amusant, il l'avait laissé galérer trouver le bon chemin, même si à partir d'un moment, il le connaissait. Sur le trajet, il avait lâché un petit sourire moqueur. Allait-il trouver le chemin finalement ? Heureusement pour lui, oui. Il avait fini par retrouver le chemin et ils arrivèrent alors devant le bar. Leeroy passa son regard sur la pancarte où le nom était écrit dessus. Cela lui rappelait effectivement quelques souvenirs.

Une fois à l'intérieur, Leeroy s'installa à une table en compagnie de sa nouvelle rencontre de ce soir. Il n'était pas question de s'en faire un ami. Enfin, tout dépendait s'il s'agissait d'un contractant ou d'un humain. Un ami contractant l’intéressait bien pour ses objectifs personnels, tandis qu'un humain, il préférait les laisser tranquille. Pour le moment, il allait faire semblant. Il ne savait pas, au cas où.

- Bon, j’imagine qu’on est là pour discuter en fait… Du coup, Leeroy Stone, que fais-tu dans la vie, si tu n’es pas flic ?

Au moins maintenant, il était certain que John ne le pensait pas flic. C'était un bon début.

- Je suis étudiant en biologie, à la fac du quartier est. Et toi, que fais-tu dans la vie ? Tu dois bien essayer de gagner de l'argent ?

Il ne l'avait jamais vu dans le quartier est près du campus. Alors il avait supposé qu'il n'était peut-être pas étudiant. Alors s'il ne l'était pas, que pouvait-il bien faire de sa vie ?

" - Je suis étudiant en biologie, à la fac du quartier est. Et toi, que fais-tu dans la vie ? Tu dois bien essayer de gagner de l'argent ?"


Alors Leeroy est étudiant.J'aimerais bien faire des études moi aussi ... A vrai dire, John n'allait plus à l'école depuis ses douze ans. Enfin, il avait réussi à obtenir de l'état des cours particuliers, mais rien de très assidu. Et même s'il était plutôt cultivé par ses lectures,  son niveau en science était assez risible.
                                             
C'était le moment pour John de dire quelque chose de censé et plausible,  ce qui n'était pas son fort. Il avait eu un peu de temps pour réfléchir, et répondit tranquillement à Leeroy :

"Je suis intérimaire ou un truc du genre,  en gros j'enchaîne plein de petits boulots,  rien de bien f. .."

Il s'arrêta net. Ce n'était pas le fait qu'il ait enfin réussi à mentir correctement qui l'estomaquait, mais plutôt celui qu'il venait de réaliser qu'il y avait un gros souci dans son plan... Il avait dit à Leeroy s'appeler John Fallen, or les papiers qu'il fera faire porteront tout sauf ce nom. Et il ne faut pas que Leeroy le remarque au moment de la signature,  sinon il y aurait une certaine suspicion sur John. Il fallait qu'il explique quelque peu la situation à Leeroy,  il n'avait pas le choix.

"- Hmm, merde. Eeeuh,  tu me promets de pas me poser de questions si je te dis que ma carte d'identité ne portera pas le nom de John Fallen ?"

C'était un peu ridicule comme rattrapage. Il aurait pu dire qu'il avait honte de son nom ou quoique ce soit du genre, mais il a fallu qu'il sorte un mensonge aussi plat ctqet mauvais que celui-ci. Non, vraiment,  John était taillé pour être honnête,  pas pour mentir. Paradoxal pour un homme qui passait ses nuits dans la maison d'autres.

Il s'était arrêté en plein milieu de ses explications. À vrai dire, ce type, il le trouvait de plus en plus louche. Que voulait-il lui expliquer à la fin ? Pourquoi sa carte d'identité n'allait pas être à son nom. S'agissait-il d'un voleur ? Il n'y avait vraiment que les gens comme ça pour faire ce genre de papier. Ou alors il avait juste quelques problèmes de familles ? Il ne savait pas trop. Leeroy soupira un peu après avoir appuyé sa tête grâce à sa main, coude posé sur la table.

Il ne répondit pas de suite à sa question, préférant plutôt appeler le serveur qui passait non loin de cette table. Réfléchissant à peine deux secondes, il pensait plutôt prendre une boisson sans alcool. Leeroy n'était pas avec son grandpénisami avec lequel il buvait d'ailleurs souvent. Ce n'était pas son but dans cette soirée, de se saouler. De plus, il aurait du mal à laisser la garde de son corps à quelqu'un d'aussi louche.

- Juste un soda pour moi.

Le serveur ne partit pas pour le moment, il se retourna alors vers John, attendant sa commande. L'étudiant afficha un petit sourire mesquin, bien curieux de la raison pour laquelle il avait besoin de faire un semblant de faux papier.

- Alors dis-moi. Explique moi tout depuis le début non ? Ça sera bien compréhensible. Je ne vois pas comment je pourrais rien te demander vu ce que tu viens de m'annoncer.

Comment quelqu'un ne pourrait pas poser de question après cette annonce ? C'était impossible. De plus, Leeroy était quelqu'un de curieux, mais pas au point de se mettre en danger. C'était d'ailleurs cette curiosité qui l'avait amené à se cultiver autant dans des livres de biologie. Et grâce à cela, il avait toujours poussé au maximum ses études. Il les rentabilisait bien. Leeroy était toujours dans les trois premiers de la promo dans les examens, tantôt premier, tantôt troisième. Cela dépendait vraiment des examens, les trois premiers de promo étaient souvent en train de se battre pour la place de premier. Leurs scores étaient souvent kif-kif.

John n’avait pas l’habitude qu’on lui demande ce qu’il voulait, et il resta quelques instants, immobile, face au serveur. Ah ouais, faut que je lui dise ce que je veux, merde.Il se dépêcha de regarder la carte et choisit ce qu’il y avait de moins cher.
« - Un café s’il vous plaît. »

Lorsque le serveur se retira, John se renfonça sur son siège et regarda Leeroy à nouveau. Ce dernier ne tarda pas à relancer la conversation, mais de la façon dont John l’avait espéré.

« - Alors dis-moi. Explique moi tout depuis le début non ? Ça sera bien compréhensible. Je ne vois pas comment je pourrais rien te demander vu ce que tu viens de m'annoncer. »

Evidemment, ses talents de menteurs allaient forcement l’amener à cette question, et il se devait de répondre ; il ne pouvait pas se permettre de rompre la promesse faite aux enfants. Il détourna les yeux puis prit son temps pour réfléchir à une réponse bien tournée, car il lui fallait être plus subtil cette fois ci. Une fois qu’il eut une idée claire de ce qu’il devait dire, il inspira profondémentctq et se retourna vers Leeroy :

« Évidemment. Pour faire court, j’ai pas d’identité ; et honnêtement, c’est pas franchement ma faute. John Fallen n’est qu’un nom parmi d’autres que je pourrais utiliser, mais c’est celui que je préfère et que je donne aux gens en général. Sauf que j’ai le chic pour m’attirer des ennuis, et si jamais j’en venais à avoir des soucis avec la police, je ne veux pas que les gosses soient liés à moi. Ce serait un fardeau pour eux. »

Il n’avait pas menti en fin de compte, chacune de ses phrases ne comprenait pas l’ombre d’un mensonge. Il se demandait si Leeroy allait en demander plus ou non, car il avait surtout éludé le sujet ; il n’avait pas dit en quoi il s’attirait des soucis. Et si Leeroy le poussait à en dire plus, John espérait vraiment qu’il soit compréhensif. Après tout, ce qu’il fait c’est pour aider les gens.

Il ne s'agissait même pas d'une question de mensonge ou non. John venait en quelques sortes de se griller tout seul à cause de ce qu'il avait dit juste avant, ce qui avait amené Leeroy à parler de cela. Alors il s'était forcément dit que ce John était vraiment quelqu'un de louche.

- Évidemment. Pour faire court, j’ai pas d’identité ; et honnêtement, c’est pas franchement ma faute. John Fallen n’est qu’un nom parmi d’autres que je pourrais utiliser, mais c’est celui que je préfère et que je donne aux gens en général. Sauf que j’ai le chic pour m’attirer des ennuis, et si jamais j’en venais à avoir des soucis avec la police, je ne veux pas que les gosses soient liés à moi. Ce serait un fardeau pour eux.

Évidemment, il ne s'attendait pas à ce genre de révélation. Il se demandait tout de même comment une personne pouvait se retrouver sans identité. Dès la naissance, la personne avait sa propre identité et se l'était construite au cours de sa vie et elle n'était pas changeable ou elle ne pouvait pas être détruite. Même s'il était un gosse abandonné, il aurait toujours le nom de famille de son père, et le prénom choisi par ses parents. Et ils ne pouvaient pas changer. C'était comme cela.

La seule solution possible était que John ne puisse vraiment plus supporter ses noms d'origines. À ce moment-là, il aurait effectivement pu préférer de faire comme s'il n'avait pas d'identité plutôt de garder celle qu'il l'avait déjà. Cependant, il était actuellement en train de se plaindre ou râler à propos de cela. Perdre son identité n'était pas anodin ou sans importancectb.

- Je comprends à propos des enfants. Mais comment étais-tu arrivé à ne plus avoir d'identité puisque final, nous en avons une depuis la naissance.

Puis, Leeroy se mit ensuite à réfléchir sur le fait qu'il ai des ennuis avec les flics. Bon, il ne pouvait pas vraiment lui faire de reproches à propos de cela. Ce bar même était le bar, où Leeroy s'était fait choper par Akiro, le flic. Mais la curiosité le poussa à poser une question de plus.

- Pourquoi avoir des ennuis avec des flics ? Si on ne les titille pas, il n'y a pas de problème généralement. Tu as prévu de les embêter ?

« - Je comprends à propos des enfants. Mais comment étais-tu arrivé à ne plus avoir d'identité puisque final, nous en avons une depuis la naissance. »

Même s’il n’en voulait pas, John s’attendait à cette question. Et il avait une petite idée de la réponse qu’il donnerait, qui risquerait bien de surprendre Leeroy. Il faut dire, ce n’était pas courant… Mais avant qu’il ne puisse répondre, Leeroy surenchérit :

« - Pourquoi avoir des ennuis avec des flics ? Si on ne les titille pas, il n'y a pas de problème généralement. Tu as prévu de les embêter ? »

Là, c’était la question que John n’avait pas du tout envie d’entendre, et pourtant il ne se voyait pas la laisser sans réponse. De toute manière, il avait clairement fait comprendre à Leeroy qu’il n’avait pas que des activités légales, et il se devait de les préciser ; sinon Leeroy pourrait mal interpréter ce que John est réellement.

" - En groscmb, je suis mort. Mais genre officiellement, enfin tu te doutes bien que c’est juste présumé… Bref, c’était pas de supers souvenirs, et je compte pas vraiment aller voir les autorités pour dire « Hey, moi c’est Théodore Brun, je suis mort il a 9 ans, mais en fait non ! »."

John écarquilla les yeux. Il avait dit son nom. Son nom ! Personne ne le connaissait, pas même Mary. Et voilà qu’il le lançait à un type qu’il connaissait depuis à peine deux heures !

" - Putain… Oublie ce nom, veux-tu ? Bon, et si tu veux savoir mes soucis avec la police, dis-toi que je tue personne ou qu’en réalité j’ai rien contre les policiers. Nan, en fait j’suis une sortie de Robin des bois des temps modernes, tu vois ? Mais avec un arc cassé, moins de style et carrément moins de résultats. Tu peux m’appeler Zorro s’tu veux. "

Vraiment, ce n’était pas un bon orateur, mais il avait dit tout ce que Leeroy voulait savoir. Il ne voyait pas vraiment quoi lui dire d’autres, ou alors ce serait plus intime. Et franchement, il n’avait pas envie d’en révéler plus sur son passé maintenant. Il se surprenait à prier que Leeroy ne lui ait pas menti sur son activité.

Leeroy pensait effectivement avoir touché le point sensible de cette personne. Rien que le fait de poser cette question l'avait fait réagir de manière pas si surprenante que cela. Tout se voyait dans son regard expressif et qui révélait ses sentiments. Bien que Leeroy n'était pas un expert pour savoir lire dans les yeux des gens, ceux de John étaient assez facilement à lire.

- En gros, je suis mort. Mais genre officiellement, enfin tu te doutes bien que c’est juste présumé… Bref, c’était pas de supers souvenirs, et je compte pas vraiment aller voir les autorités pour dire « Hey, moi c’est Théodore Brun, je suis mort il a 9 ans, mais en fait non !

Après ces paroles, Leeroy haussa un peu le sourcil droit. Voulait-il vraiment dire tout cela ? Il se demandait s'il ne l'avait pas poussé vraiment à bout pour qu'une information qui paraissait importante sorte de sa bouche de la sorte. Il l'avait deviné l'importante au vu de l'expression que tirait John, enfin Théodore, sur son visage.

- Putain… Oublie ce nom, veux-tu ? Bon, et si tu veux savoir mes soucis avec la police, dis-toi que je tue personne ou qu’en réalité, j’ai rien contre les policiers. Nan, en fait, j’suis une sortie de Robin des bois des temps modernes, tu vois ? Mais avec un arc cassé, moins de style et carrément moins de résultats. Tu peux m’appeler Zorro s’tu veux.

Qu'il était drôle. Leeroy ne pouvait pas s'empêcher d'esquisser un tout petit sourire moqueur à cause de sa réaction. Devait-il l'embêter un petit peu ? Il se le demandait. Puis finalement, après quelques secondes de réflexion, il se décida :

- Non Théodore. Je compte t'appeler que par Théodore. Je trouve que Théodore est un très beau prénom, n'est-ce pas Théodore ?

Après il restait à comprendre pourquoi ce fameux Théodore était mort, et dans quelle circonstance. Apprendre autant de chose en une soirée était plutôt enrichissant et il était bien plus curieux. Ce jeune homme n'avait pas vraiment l'air dangereux, alors il allait continuer encore un peu.

- La mort de Théodore Brun ? Comment ça c'est passé exactement ? Je suis plutôt curieux, je dois l'avouer.

« - Non Théodore. Je compte t'appeler que par Théodore. Je trouve que Théodore est un très beau prénom, n'est-ce pas Théodore ? »

Mais quel batard, j’aurai vraiment dû garder ma langue moi.John prit un air un peu blasé et fixa Leeroy. Ce dernier venait de perdre une grande partie de l’estime que John lui octroyait, et John était vraiment déçu que cela se passe comme cela. Finalement, il n’aurait pas dû l’inviter à boire un verre…

« - La mort de Théodore Brun ? Comment ça c'est passé exactement ? Je suis plutôt curieux, je dois l'avouer. »

Et la question bonus était arrivée, celle indiscrète et pour laquelle John aimerait bien avoir un joker. Sauf qu’ici, ce n’était pas un jeu, et Leeroy ne le lâcherait sûrement pas avant d’avoir eu une réponse. Et il avait l’air assez fourbe pour refuser d’emmener les enfants à l’orphelinat s’il n’avait pas sa réponse. Exaspéré, John se décida à lui répondre.

« - Théodore Brun est mort il y a neuf ans sur une colline pas loin. Son père a tabassé, défiguré et laissé pour mort son meilleur pote, puis ses gorilles ont massacré Théodore et l’ont balancé sur le flan de la colline. Coup de bol pour lui, il est pas mort. Enfin, son père l’a déclaré mort et a pris le cadavre de son pote pour le sien, histoire de se débarrasser une bonne fois pour toute du vilain petit canard. Et oublie pas, l’homme devant toi s’appelle John Fallen. »

John espérait avoir satisfait la curiosité de Leeroy, car il n’avait pas du tout envie de continuer là-dessus ; cela restait des souvenirs douloureux et c’était le genre de chose qu’on ne balance pas à un inconnu. Coup de chance pour John, le serveur arrivait justement avec leur commande. Ça lui donnerait un peu de temps pour se calmer.

Avant même que John réponde à sa question, il le sentait exaspérer. Effectivement, quelque chose n'allait pas. Leeroy était allé trop loin et il le sentait déjà même avant qu'il ne commence sa réponse alors il prit un regard un peu plus compréhensif et comptait bien s'arrêter à cette question.

- Théodore Brun est mort il y a neuf ans sur une colline pas loin. Son père a tabassé, défiguré et laissé pour mort son meilleur pote, puis ses gorilles ont massacré Théodore et l’ont balancé sur le flan de la colline. Coup de bol pour lui, il n'est pas mort. Enfin, son père l’a déclaré mort et a pris le cadavre de son pote pour le sien, histoire de se débarrasser une bonne fois pour toute du vilain petit canard. Et oublie pas, l’homme devant toi s’appelle John Fallen.

Après son histoire, Leeroy laissa planer un gros blanc. Ce n'était vraiment pas très joyeux comme histoire. Enfin, au moins il s'en était sorti, c'était le principal non ? Il croyait, mais il ne pouvait pas penser à la place de ce jeune homme.

Finalement, le serveur apporta les boissons et les déposa respectivement devant eux. Leeroy attrapa donc son soda et commença à prendre quelque chose gorgée. N'ayant toujours pas répondu à John. D'un sens, il ressentait un peu de compassion pour lui. Malgré le fait qu'il disait être majeur, il n'arrivait pas à voir cet adulte. Son comportement laissait un peu la trace d'une éducation absente.

- Vas-y bois. Je te paie le verre, pour m'excuser de t'avoir obligé à raconter cette histoire. Parlons d'autre chose, John.

Il avait bien insisté sur son prénom à la fin de sa phrase pour lui montrer qu'il ne l’appellerait pas Théodore. D'ailleurs, il allait attendre que les choses se tassent pour en apprendre plus sur lui, finis les questions pour ce soir en tout cas. Leeroy glissa une main dans ses cheveux, puis son sur visage, il ne savait pas vraiment quoi dire. Ce n'était pas vraiment de la pitié qu'il venait d'éprouve, mais plutôt un sentiment qui lui permettait de comprendre ce que John ressentait. Alors il ne pouvait pas continuer dans cette voie-là pour faire la discussion

Leeroy s’était longuement tut après avoir entendu l’histoire de John. Malgré son indiscrétion, cela montrait qu’il n’était pas incapable de compassion non plus ; et John apprécia ce silence. Il s’était décidé à quitter le bar à l’instant où Leeroy continuerait ses questions dérangeantes, mais il comprit que Leeroy n’en ferait rien.

« - Vas-y bois. Je te paie le verre, pour m'excuser de t'avoir obligé à raconter cette histoire. Parlons d'autre chose, John. »

Dès que John entendit Leeroy changer de sujet, il s’enfonça à nouveau dans son siège, laissant ses muscles se relâcher. Il avait deviné juste, et cela l’apaisa ; il laissa même échapper un sourire de soulagement. Il commencer à boire son café, puis se décida à répondre à Leeroy, pour amener la conversation sur un sujet bateau.

« - Merci. Ouais, parle-moi un peu de tes études ou de ta fac si ça te dérange pas, je connais pas vraiment ce monde. »

Même si ce sujet était anodin, au fond cela intéressé John. Lui qui avait toujours vécu comme un paria, il ne connaissait rien au lycée ou à l’université et en savoir un peu plus satisferait quelque peu sa curiosité. Il s’était imaginé toute sorte de choses sur les études supérieures, mais il savait que tout ce qu’il pensait était faux, tiré des vieux livres qu’il avait dévorés pendant sa convalescence. Il se demandait aussi quelles études il aurait pu faire s’il avait eu une vie … normale. Psychologie, histoire ? Peut-être même sciences, s’il avait seulement eu des bases là-dedans. Il faut dire que son niveau à 12 ans était excellent, entre autre grâce à ses parents qui le harcelaient pour qu’il travaille, mais il n’était pas un surdoué non plus. Et maintenant, à l’âge de 21 ans, il avait le niveau scolaire d’un adolescent de 14 ou 15, faute d’assiduité dans ses cours par correspondance. C’était une des choses qu’il regrettait.

En le voyant s'enfoncer dans son siège, Leeroy pensait que John avait réussi à se détendre un peu plus et semblait soulagé. Ça va, il s'était peut-être rattrapé, et s'était bien comporté après cette question un peu indiscrète.

- Merci. Ouais, parle-moi un peu de tes études ou de ta fac si ça ne te dérange pas, je ne connais pas vraiment ce monde.

C'était un peu délicat de parler de ses propres études. Cela ne le dérangeait pas, mais s'il voulait savoir comment se passait une journée type d'un étudiant à la fac, Leeroy était le mauvais exemple. Il faisait partie de la catégorie d'élève, qui malgré son apparence qui ne faisait pas intello, était dans les premiers de sa promo. Et pour y arriver, il était obligé de travailler énormément tous les soirs et n'avaient pas le temps et l'envie d'avoir des amis.

- Je ne sais pas trop ce que tu veux que je te dise. Disons, que si tu veux que je te raconte quelque chose de typique, ce n'est pas à moi qu'il faut demander. Je ne suis plutôt solitaire et étudiant modèle.

Lorsque Leeroy avait énoncé le mot « solitaire », il avait observé discrètement la réaction de John pour voir s'il s'agissait d'un contractant ou non. Tout contractant était au courant pour les solitaires et ils avaient tendance à tilter avec une expression du visage lorsqu'ils entendaient le mot « solitaire ».

- Enfin. Je peux tout te dire sur les études. Que veux-tu savoir ? Par contre, comme je n'ai pas l'habitude de me faire des amis, tout ce qui est vie étudiante, je ne pourrais pas te répondre.

L'étudiant en biologie racontait tellement facilement et tranquillement qu'il n'avait pas vraiment d'amis que cela se voyait que ne pas en avoir ne le dérangeait pas. Cela ne passait donc pas comme un problème.

« - Je ne sais pas trop ce que tu veux que je te dise. Disons, que si tu veux que je te raconte quelque chose de typique, ce n'est pas à moi qu'il faut demander. Je ne suis plutôt solitaire et étudiant modèle. »

Leeroy avait pris une pause avant de reprendre, sûrement pour reprendre sa respiration. Son statut d’étudiant modèle étonna un peu John, lui qui s’imaginait que cette catégorie d’élève préférait rester cloîtrée chez elle au lieu de sortir ; à fortiori si c’est pour aller des orphelins. Cela le réconciliait un peu avec le monde.

« - Enfin. Je peux tout te dire sur les études. Que veux-tu savoir ? Par contre, comme je n'ai pas l'habitude de me faire des amis, tout ce qui est vie étudiante, je ne pourrais pas te répondre. »

Ce n’était pas vraiment la réponse à laquelle John s’attendait. Il faut dire, Leeroy ne pouvait pas comprendre que John voulait avoir des détails sur la fac, à quoi ça ressemblait, le réfectoire ou encore sur le déroulement des cours. Ce n’était pas grave que Leeroy ne puisse pas lui en dire beaucoup sur la vie étudiante ; John ne sortait jamais et n’avait pas d’amis, donc il n’avait même pas pensé à cette facette des études.

« - Oh, c’est pas un mauvais point d’être bon élève tu sais ; et puis moi aussi j’suis solitaire. En fait j’aimerais bien que tu m’expliques un peu le déroulement des cours, ou à quoi ressemble la fac, ou pleins de trucs du genre … Pas de souci ? »

John réussissait peu à peu à se calmer tout à fait. Leeroy allait sûrement répondre à des questions qu’il se posait, et cela balancerait quelque peu avec ses maladresses. Il finis son café, puis fixa Leeroy avec un petit sourire, en attendant sa réponse.

- Oh, c’est pas un mauvais point d’être bon élève tu sais ; et puis moi aussi j’suis solitaire. En fait j’aimerais bien que tu m’expliques un peu le déroulement des cours, ou à quoi ressemble la fac, ou pleins de trucs du genre … Pas de souci ?

Il savait que ce n'était pas un mauvais point d'être un bon élève, justement, il profitait de ses études comme d'autres ne pouvaient pas le faire. Après, il ne faisait pas ses études en pensant à tous ceux qui ne pouvaient pas en faire. A vrai dire, ce n'était pas vraiment les affaires de Leeroy. Il avait décidé de bien travailler pour lui-même, et uniquement lui et il s'en fichait totalement des autres. Il voulait s'assurer un avenir, au cas où il arrivait à se sortir de la merde dans laquelle il était entré.

Cependant, cette merde, il avait bien du mal à la nettoyer et elle restera coller à lui encore pendant longtemps, un peu comme si elle était immortelle.

Après, Leeroy réagissait un peu au mot « solitaire ». John n'avait pourtant pas réagi précédemment. Vu comment c'était facile de lire sur son visage comme un livre ouvert, l'étudiant avait donc pensé qu'il ne s'agissait pas de quoi il voulait parler, et pourtant, il venait d'énoncer « solitaire ». Soit il venait de lui envoyer un message pour dire qu'il était aussi un contractant Solitaire, soit il avait simplement repris ce mot pour indiquer qu'il n'avait pas d'ami non plus.

- La fac, c'est un endroit assez grand. Il y a énormément d'étudiant tous différent. Il y a plusieurs bâtiments. Le déroulement d'un cours diffère selon les professeurs. Ils ont chacun leur méthode de travail et c'est plutôt intéressant. Mais en résumé, ils font des cours sur un grand tableau, puis on fait des exercices, on a généralement du travail à faire chez nous. Même en dehors des cours, on peut appeler les professeurs dans des salles libres service s'ils n'ont pas cours.

Leeroy ne savait pas vraiment quoi dire. Pour lui, tout lui semblait si naturellement que c'était dur de s'imaginer quelqu'un qui ne connaissait pas du tout l'université ou même un semblant d'étude. C'était un point de vue plutôt assez intéressant.

« - La fac, c'est un endroit assez grand. Il y a énormément d'étudiant tous différent. Il y a plusieurs bâtiments. Le déroulement d'un cours diffère selon les professeurs. Ils ont chacun leur méthode de travail et c'est plutôt intéressant. Mais en résumé, ils font des cours sur un grand tableau, puis on fait des exercices, on a généralement du travail à faire chez nous. Même en dehors des cours, on peut appeler les professeurs dans des salles libres service s'ils n'ont pas cours. »

Finalement, ça ressemblait au secondaire. John y avait passé une année avant de tout arrêter, mais il s’en souvenait un peu. Enfin, c’était une sortie de secondaire en très grand, plus libre, avec un grand tableau et des professeurs qui écoutent les élèves. Pour faire simple, c’était un monde bien plus grand que celui qu’il avait connu. John fit un hochement de tête pour signifier à Leeroy qu’il le remerciait, puis il réfléchit à une nouvelle question. Il préférait rester sur la vie de Leeroy pour l’instant, et il lui demanda donc :

«- Hmm, merci beaucoup Leeroy. Dis-moi, tes études sont censées t’amener où ? Et ça durerait combien de temps ? »

Quand il était enfant, il n’était question que de reprendre l’affaire familiale, spéculer en bourse et le rêve le plus fou serait de faire le barreau. Il ne s’était jamais imaginé avoir un métier plus classique, même ces neuf dernières années. Depuis ce soir-là, il s’était toujours vu en tant que marginal, il n’avait jamais réellement réfléchi à aller se faire embaucher quelque part. Peut-être serait-il le moment pour lui de se remettre quelque peu en question ? Enfin, il avait du mal à se décider, car s’il arrêtait ses petites escapades, qui aiderait le Sud ? La pègre ? Il en frémissait d’y penser.

" - Ah, et, pourquoi tu as fait ces études là ? Une passion ?"

C'était banal comme question, mais il voulait que Leeroy parle le plus possible. Entendre parler de la fac ou d'étude lui permettait de s'y croire quelques instants, et étrangement il appréciait cela.

- Hmm, merci beaucoup Leeroy. Dis-moi, tes études sont censées t’amener où ? Et ça durerait combien de temps ?

C'était une bonne question. Il était encore en train de réfléchir à son parcours. De toute façon, il comptait simplement aller au bout de la fac et trouver un métier par la suite. Mais il aimerait bien suivre un cursus spécial pour la faune. De toute manière, dans ses prochaines années à la fac, il sera un peu plus spécialisé.

- Je vais avoir un diplôme au bout de 5 ans d'études.

- Ah, et, pourquoi tu as fait ces études là ? Une passion ?

Cette question était toujours un peu délicate pour lui, car s'il pouvait faire ses études comme il l'avait imaginé en étant lycéens, c'était bien grâce à Kyu. Malheureusement, il le regrettait déjà. Il ne pensait pas que donner sa vie au diable était équivalent à pouvoir réaliser le métier qu'il voulait. De toute façon, John n'avait pas à être au courant de tout cela.

Depuis au moins, le collège, il voulait avoir un métier en rapport avec la faune. C'était ce qu'il trouvait, de plus, fascinant. Il pourrait rester observer des animaux pendant des heures sans jamais se lasser. Était-ce cela que l'on appelait une passion ?

- J'aimerais être zoologiste. Non pas celui qui travaille dans les zoos, mais le scientifique qui va directement tâter sur le terrain pour observer les animaux sauvages. Je ne sais pas vraiment si c'est une passion. Mais en tout cas, j'aime bien.

Quand il parlait de cela, il n'avait même pas le sourire aux lèvres, mais c'était sans doute dû au fait qu'il ne souriait pas beaucoup de bases. Pourtant, il aimait parler de cela et cela ne le dérangeait pas vraiment. Il n'avait pas vraiment souvent l'occasion de parler de cela avec quelqu'un, car la méfiance l'habitait. Quoique parler de ce qu'il voulait faire plus tard à un contractant, n'importe lequel n'était pas grave en soit. Ce qui était plus grave, ce serait de révéler à quelqu'un ses plans et ses objectifs en tant que Seraph Solitaire.

"- J'aimerais être zoologiste. Non pas celui qui travaille dans les zoos, mais le scientifique qui va directement tâter sur le terrain pour observer les  animaux sauvages. Je ne sais pas vraiment si c'est une passion. Mais en tout cas, j'aime bien."

En fin de compte,  John  se sentait comme une sorte de Robinson Crusoë des temps modernes,  pour lequel sa haine des riches faisait office de vendredi. Cela maintenant neuf années qu'il était seul dans son monde,  coupé  de toute technologie et ou réelle passion. Il écoutait à pleine oreille Leeroy pour essayer de retenir un maximum d'informations sur la vie d'une personne normale. Pourtant,  il n'avait jamais été vraiment intéressé par la nature à vrai dire,  ou par les animaux en général;  et les seuls contacts qu'il avait avec ces derniers étaient lors de ses vols ou avec les bêtes errantes. En somme,  pas de quoi y trouver un intérêt particulier. Quelque chose troubla son flux de pensées malgré tout : le visage impassible de Leeroy. Il était en train de parler de ce qui pouvait s'apparenter à sa passion,  et pourtant aucun sourire ne se dessinait sur ses lèvres. Cela interloqua quelque peu John,  et il se mit en tête d'en savoir plus.

" - Ok ok,  c'est super intéressant ! J'ai une autre question,  mais qui n'a rien à voir... J'ai vu que tu souriais très peu, c'est que tu as souvent un visage sérieux,  ou qu'il y a un souci en ce moment ?                    

C'était tout à fait une intrusion dans la vie privée de Leeroy. Mais après ce que John venait de subir,  il n'avait plus vraiment d'état d'âme à amener son nouvel interlocuteur sur ce terrain-là. Il se demandait qui était Leeroy en réalité ; celui-ci savait des choses très secrètes sur John, alors pourquoi il n’en dévoilerait pas sur lui aussi ?

Tous les animaux pour lui pouvait faire des sujets d'observation, dans la nature, pas dans des laboratoires où ils sont attachés comme de vulgaires objets. De toute façon, Leeroy ne voulait pas être enfermé dans un laboratoire à observer au microscope des puces de chien. Il préférait largement être observateur des comportements et du mode de vie d'un animal dans la nature. Et parfois, même les chiens errant était une source d'observation. Bon, quand il croisait un chien errant, il ne s'arrêtait pas pour l'observer pendant des heures, généralement, il passait son chemin comme tout le monde. À vrai dire, passer au zoo de temps en temps ne lui déplaisait pas.

- Ok ok, c'est super intéressant ! J'ai une autre question, mais qui n'a rien à voir... J'ai vu que tu souriais très peu, c'est que tu as souvent un visage sérieux, ou qu'il y a un souci en ce moment ?

C'était là une très bonne question, mais Leeroy devait tenir sa langue. Il ne pouvait pas lui déballer tout sur sa vie de Seraph Solitaire qui était une vie plutôt compliquée à vivre, surtout en ce moment et avec les événements récents. Dans tous les cas, il sera obligé de lui mentir. Il ne voulait pas s'amuser à essayer de trouver une métaphore comme un certain professeur en fac de lettre qui n'arrêtaient pas de parler de la sorte, insupportable.

- Je n'ai pas spécialement de soucis en ce moment. J'ai toujours été comme ça.

La manière dont il le disait paraissait vraie en tout cas, il était déjà meilleur menteur que John. Leeroy avait l'habitude de mentir, vu le nombre de gens à qui il avait besoin de mentir pour ne pas les mettre en danger ou pour ne pas totalement se révéler. Il n'était pas fou, il ne voulait pas se mettre en danger. Moins de personnes étaient au courant des vrais sentiments de Leeroy, et mieux, c'était.

"- Je n'ai pas spécialement de soucis en ce moment. J'ai toujours été comme ça."

C’était succinct. Très, succinct. Alors Leeroy avait toujours eu cette mine presque triste ? John n’y croyait pas ; il faut dire qu’en histoire triste il s’y connait un peu. Il voulait en savoir plus sur Leeroy, mais ne voulait pas non plus tomber trop loin comme cela avait était le cas plus tôt. Même s’il était joueur, John respectait un minimum l’intimité des gens et ne forcerait pas Leeroy à trop lui dire… Après tout, il ne devait sous aucun prétexte froissait Leeroy ou lui donner envie de renoncer au plan de l’orphelinat, car cela coûterait trop cher à John. Certes, pas dans le domaine pécunier, mais humain : il ne voulait avoir menti à ces enfants.

« - Vraiment ? Si tu as eu des traumatismes, on peut en parler si tu veux. Ce sera pas le premier de la soirée…. »

Cela faisait maintenant un certain temps que John avait fini son café, et il venait de remarquer qu’un chocolat avait été servi avec. Il esquissa un petit sourire, cela faisait longtemps qu’il n’avait pas pu en déguster un ; et sans même regarder Leeroy pour attendre sa réponse, il se mit en tête de déballer soigneusement le chocolat. Une fois cela fait, il le mangea lentement, de façon à bien ressentir les arômes : il n’en aurait pas d’autres avant quelques temps.

Tiens, du chocolat noir. J’aimais beaucoup ça avant, et apparemment mes goûts ont pas trop changé… Enfin, faut pas que je m’y habitue trop, ça va pas durer tout ça. Dans même pas une heure je quitterai ce café et je n’y remettrai pas les pieds avant longtemps.

Une fois ce petit interlude de plaisir fini, il releva la tête vers Leeroy, avec un air qui pouvait signifier « Oh ‘scuse, j’étais perdu, tu disais ? ». Ce n’était pas très poli, mais bon, John découvrait un monde qu’il ne connaissait plus depuis bien longtemps.

Il se demandait si son mensonge allait passer. Leeroy ne voulait absolument pas lui raconter ses problèmes, cela pourrait bien le pousser à faire un vœu lui aussi et cela mettrait le Solitaire dans l'embarras puisqu'il voulait empêcher le plus de vœux possible. Après, s'il arrivait à faire de lui un très bon ami, il pourrait peut-être lui demander de faire un vœu pour le rejoindre parmi les Solitaire. C'était quelque chose à prendre en compte. Mais pour le moment, il ne voulait prendre aucun risque.

- Vraiment ? Si tu as eu des traumatismes, on peut en parler si tu veux. Ce ne sera pas le premier de la soirée….

Ha, voilà qu'il se mettait à penser que Leeroy avait des traumatismes. D'un sens, il en avait un, mais grâce à son vœu, il fut totalement réglé par Kyu. Rien qu'à penser à cette abomination, il en fit une petite légère grimace. Pourrir sa vie, était son but. Il avait largement le temps puisque apparemment cette vilaine bestiole était immortelle.
Lorsqu'il était un peu plus jeune, il fut confronté à un serpent, et cette expérience était devenu son traumatisme, alors simplement, et naïvement il avait accepté le contrat de Kyu.

- J'en ai eu un effectivement. Mais il a été oublié. Je ne m'en soucie plus et il ne me fait plus rien. Je suppose que c'est réglé comme affaire. Mais même avant ça, j'ai toujours été comme ça.

Disait-il avec un ton normal, ni déprimé, ni heureux. Son visage paraissait toujours inexpressif et il avait continué son mensonge pour lui faire croire qu'il avait toujours été comme ça. Le moment le plus expressif de sa soirée était sans doute le moment où il était en train de parler à la petite fille de tout à l'heure. Il voulait la mettre à l'orphelinat pour son bien, et les deux autres évidemment, mais disons qu'il avait sa petite préférée.

"- J'en ai eu un effectivement. Mais il a été oublié. Je ne m'en soucie plus et il ne me fait plus rien. Je suppose que c'est réglé comme affaire. Mais même avant ça, j'ai toujours été comme ça."

John avait compris le message, il n’allait pas insiste plus. Quoiqu’il était toujours persuadé que Leeroy avait un problème, mais il apprendrait de toute façon tôt ou tard s’il continuait à le fréquenter. C’était maintenant à John de changer de sujet, sinon Leeroy finirait par s’énerver à son tour. Il avait appris beaucoup de choses qui l’intéressaient, mais maintenant il fallait qu’il se ramène à une discussion plus normale, celle que deux individus ont entre eux autour d’un café. Et aussi, une discussion beaucoup plus ennuyeuse. John avait toujours fuit le monde mondain car les banalités le touchaient d’un ennui mortel ; John avait toujours été différent, et a besoin de s’entourer de personnes différentes. C’est pourquoi il était toujours là à discuter avec Leeroy, car ce type n’était pas normal. C’est le moins que l’on puisse dire, après tout John venait de lui dévoiler que c’était un voleur sans identité, et la chose qui fit le plus réagir Leeroy ce fut de le titiller sur son ancien nom. Définitivement, Leeroy était différent.

« - Hm, si tu le dis. Si jamais t’as envie de discuter de tes soucis une autre fois, ça me pose pas de problème. Je suis pas doué pour avoir des discussions plus basiques, et je t’avoue que ça ne m’intéresse pas. J’en sais plus sur toi, et même si tu partages mon génie du tact, tu as l’air d’être un bon gars. J’te propose d’en rester là pour ce soir, je t’enverrai un mail pour l’orphelinat bientôt, ça te va ? »

Finalement, le choix de John était de couper court à leur discussion. Il s’imaginait que Leeroy partageait sa passion pour les banalités, et ne voulait pas non plus l’ennuyer.

Leeroy n'avait réagi sur le fait qu'il soit un voleur avec faux papier puisqu'il trouvait cela justement « banal » et il n'avait pas à intervenir dans ses affaires. En fait, il se disait qu'il n'avait pas le droit de le réprimander pour ce qu'il faisait alors que Leeroy était un monde où il se passait des choses dix fois pires qu'un simple vol, il avait très certainement blessé plus de personnes que John. C'était pourquoi John ne pouvait pas comprendre pourquoi le jeune homme n'avait rien dit à propos de ses activités, il ne connaissait rien à ce monde

Par contre, il était évidemment que Leeroy n'allait peut-être pas cacher l'existence de John si Akiro venait à lui parler d'un voleur tout en amenant avec lui un portrait. Pour l'instant, l'amitié d'Akiro comptait plus que cette soirée rencontre avec ce garçon.

- Hm, si tu le dis. Si jamais t’as envie de discuter de tes soucis une autre fois, ça me pose pas de problème. Je suis pas doué pour avoir des discussions plus basiques, et je t’avoue que ça ne m’intéresse pas. J’en sais plus sur toi, et même si tu partages mon génie du tact, tu as l’air d’être un bon gars. J’te propose d’en rester là pour ce soir, je t’enverrai un mail pour l’orphelinat bientôt, ça te va ?

Il n'avait pas vraiment tort. Enfin, apparemment, c'était l'heure de mettre fin à cette sortie nocturne. Il était donc temps pour lui de rentrer chez lui et de bosser un peu ses cours avant de simplement aller se coucher. Buvant rapidement le fond de son verre, il le posa sur la table et se leva.

- Bien ça me va. Et je vais payer les verres.

Leeroy vérifia bien s'il avait son porte-monnaie dans sa poche et alla donc directement vers le bar, là où il disposa un petit billet pour payer les deux boissons. Le barman lui rendit bien évidemment la monnaie. Les verres étaient payés.

Leeroy s’était levé et avait payé avant que John ne puisse lui dire quelque chose. Enfin, au final il n’avait plus vraiment envie de l’empêcher de payer pour deux, donc ce n’était pas très grave. Il se leva et rejoignit Leeroy, lui mettant une petite tape sur l’épaule et lui adressa un grand sourire.

« Merci Leeroy, à bientôt pour les gosses ! »

Et il se décida à quitter le bar, l’air serein. Cette fin de journée avait été riche et, malgré tout, plutôt plaisante. Il venait de rencontrer quelqu’un qui paraissait être plutôt bon, quoiqu’un peu trop moqueur. Il se demandait si Leeroy allait bien venir à l’orphelinat quand John aura ses papiers, et s’il sera seul. John ne pouvait pas encore lui adresser toute sa confiance, il venait de le rencontrer après tout ; et il se demandait si Leeroy n’avait pas feint l’indifférence pour aller le balancer après. Il chassa ces quelques pensées de sa tête et se dit que, de toute façon, s’il se faisait arrêter ce jour, il restait tout de même persuadé que les enfants seraient tout de même amenés à l’orphelinat ; et c’est ce qui importait à ses yeux.

Si tout se passait bien, peut-être qu’il reverrait Leeroy plus tard. Peut-être même qu’il pourrait s’en faire un ami. Peut-être.

Alors qu'il était en train de payer les verres et de reprendre sa monnaie pour la ranger dans son porte-monnaie, John lui mit une petite tape sur l'épaule en guise d'au revoir.

- Merci Leeroy, à bientôt pour les gosses !
- A plus.

C'était une bonne rencontre finalement. Peut-être qu'il pourra tirer quelque chose de cette relation. Maintenant, il fallait absolument qu'il le mail pour avoir une réponse à propos des orphelins. Cela lui faisait déjà pas mal au cœur de les laisser encore quelques nuits dans cette rue plutôt crade. Mais de toute façon, il ne pouvait rien faire pour cela. Son petit studio ne faisait que 12m² et ne pouvait pas accueillir trois gosses. Et ce n'était pas que cela, il lui fallait de l'argent pour payer l'eau et la nourriture.