Spoiler:

J'attendais en dehors de l'école, appuyé contre les grilles, regardant ma montre-bracelet avec impatience. J'étais venu chercher ma fille à la sortie de l'école, mais j'avais mal lu son horaire, et me voila une heure en avance en train d'attendre.

Et je n'avais pas vraiment envie de m'ennuyer à rien faire, mais bouger de ma place ne me disait pas grand chose. Toujours vêtu de mon indémodable imper, je commençais tout de même par trouver qu'il me tenait un poil trop chaud. Le soleil brillait haut dans le ciel aujourd’hui, et pas un brin de vent ne soufflait.

A tout hasard, je promenais mon regard aux alentours. Peut-être y aurait-il un autre parent d'élève dans le même cas que moi? Mais même la cour était tranquille, seul un concierge était là en train de balayer le préau.

En fait, le plus gênant, dans mon état, c'est même pas la puanteur : j'ai mon manteau, contre ça, et depuis que je l'ai perdu, j'y fais très attention. En fait, le pire : c'est la chaleur : en été, sous un masque et un long manteau qui couvre tout le corps, avec des gants et des bottes militaires, on crève de chaleur : heureusement, je suis un seraph, donc la chaleur m'affecte moins. Mais j'ai toujours chaud.
Sous un soleil toride, mes pas m'ont menés jusqu'au quartier est, devant une école... L'East Jefferson. En fait, je prévoyais de traverser le quartier est pour sortir de la ville et me rendre jusqu'à la cascade, qui est plus proche de la porte Est que de la porte Sud, mais il se trouve que le quartier Est est très joli aussi, et que si je n'ai pas pour autant abandonner mon projet d'aller me baigner tranquillement en dehors, j'ai soif, et je j'irai bien boire un peu d'eau. Tiens, justement, j'apercois un type en imper' et le dirige vers lui, et lui adresse la parole :

- Chaude journée, pas vrai ? Vous sauriez où je peux trouver une fontaine d'eau potable ou même n'importe où là où je puisse me rafraîchir ?

Je regardais en l'air, observant un couple d'oiseaux se poursuivre d'arbre en arbre. Décidément, j'avais beaucoup trop de temps à perdre en étant en avance ces derniers temps.
J'avais beau être absorbé dans mes pensés, je surveillais toujours les alentours, prêt à détaler à la moindre forme d'une ombre en vu.
Voyant un mouvement pas loin, je tourna la tête, et j'eus un petit coup de stress, alors qu'une forme humanoïde noirâtre s'approchait de moi.
Mais il ne s'agissait en fait que de quelqu'un, habillé de lourds habits noirs. J'en avais chaud pour lui, comment pouvait-il se balader avec tant d'habits sur lui?

- Chaude journée, pas vrai ? Vous sauriez où je peux trouver une fontaine d'eau potable ou même n'importe où là où je puisse me rafraîchir ?

Je le salua simplement du chapeau, un sourire aimable sur le visage.

"Tout à fait. Il doit y en avoir à gauche après le magasin de chaussure, trois rue plus loin, au fond de la ruelle, derrière...Vous avez raison en fait, je ferrai bien moi-même d'aller boire quelque chose, je vais vous y conduire."

Le voir habillé ainsi m'avait donné chaud, et par conséquence, soif. Et marcher un peu tranquillement était une alternative tout aussi valable.

"Mais dîtes-moi, n'avez vous donc pas chaud dans tout ces habits?"

Commentaire absolument bateau et classique, qu'il devait souvent entendre par les passants. Mais bon, comme une petite vieille voulant discuter un peu, parler de l'évident était si facile.
J'enlevais cependant ma veste, que je tins à mon bras, marcher au soleil me ferait déjà assez sué comme cela.

- Je crève de chaleur, mais je ne veux pas retirer ce manteau. Longue histoire. Mais vous aussi, vous avez un manteau : vous savez ce que c'est.

Et je désigne d'un mouvement de tête l'imper qu'il tient au bras.
En fait, je ne crève pas vraiment de chaud : ma condition seraph me permet de moins ressentir les effets de la chaleur : mais ce n'est pas pour autant que ce n'est pas incommodant.

- La fontaine, c'est bien par là ?

Nous continuons notre petit chemin, et j'observe maintenant ce bon samaritain qui m'envoie satisfaire ma soif. Je vais essayer de cerner sa personnalité : ça m'a l'air d'être une personne très particulière... Il a l'air détendu, pourtant, je vois bien qu'il est sur ses gardes. Est-ce à cause de moi ? Nous verrons.

"Haha, je vous dirais bien que j'adore les histoires longues, mais ce serait un peu déplacé.
Et tout à fait, mais bon, la force de l'habitude que voulez-vous."

Bien que par un tel jour, le prix en sueur était un peu fort.

- La fontaine, c'est bien par là ?

Je hochais simplement la tête. D'ailleurs, nous y arrivions bientôt.

"On a vraiment beaucoup de chance dans cette ville, de pouvoir étancher sa soif presque n'importe où.
Après vous d'ailleurs"

Marchant devant, je le laissais boire en premier.
Mais j'avais aussi un petit plan derrière la tête, attendant juste un moment où il buvait, je dis:

"Chat blanc ou noir?" d'un ton neutre et simple, scrutant une réaction.

Car si poser une telle question faisait parfois subtilement réagir des contractants, vu son manteau, il faudrait bien plus. C'était un peu méchant, mais j'attendais presque qu'il s'étouffe de surprise. Ou tout du moins, ai une réaction un peu physique.

Et si il m'en était pas un, chose fort possible, bien que les hasard m'ait fait rencontrer beaucoup de contractants, rien ne se passerait.
Je trouvais cela marrant de tester les gens ainsi.

Oui, on a effectivement beaucoup de chance là dessus, parole de puant.
... Attends quoi ?

- Seraph.

Je me crispe imperceptiblement et attends la réaction du type, vers lequel je viens de me retourner, figé. Alors, seraph ou nephil ?

Alors là, c'était carrément la grosse surprise. Je m'attendais à ce qu'il tente de le dissimuler ou feindre que rien ne s'était passé. Mais non. Il me balançait directement son appartenance, comme ça, sans rien. Pourtant, il ne semblait pas confiant, donc ne doit probablement pas être l'un de ces élus particulièrement balaise. Enfin, il était prudent, je pouvais voir qu'il était prêt à l'action, où que j'étais tenté de l'attaquer.
Du coup, je me sentais un peu con, voir carrément débile.

"Mes excuses, je n'appartiens à ni l'un ni l'autre. J'ai juste rencontré l'un des deux.
Il se trouve que j'ai rencontré pas mal de contractants ses derniers temps, alors j'essaie de les repérer comme cela un peu hasard. Mais pardonnez-moi, il est vrai que c'est fort impoli de ma part."

J'étais sincèrement mal à l'aise, je ne m'attendais pas à ce qu'il se révele tout de suite. Et si je savais que dire ce genre de chose les faisait réagir, son calme était admirable.

- Ne vous excusez pas, il n'y a pas de mal.

Je pourrais continuer à me méfier de lui, mais au vu de son embarras, j'assume que soit c'est un menteur invétéré et particulièrement talentueux - un maître dans son art - soit il dit la vérité. Dans un cas comme dans l'autre il ne représente pas une menace, il me suffit de rester éveillé.

- Pour ma part, je suis seraph. Vous savez donc déjà tout ce qu'il faut savoir sur notre univers ? Ou peut-être ne vous a-t-on pas tout dit ? Si vous voulez, je peux essayer de combler vos possibles lacunes avec mes connaissances propres.

Mon envie de boire s'est totalement envolée. J'ai trouvé une personne extrêmement intéressante, et je ne la lâche pas... Un humain qui a refusé un vœu ? Il doit être bien fortuné pour refuser pareille offrande. Ou alors très sage.

Pas de mal? Bon, effectivement, il n'y en avait pas eu au final, je l'avais juste un peu surpris. Mais tout de même.

"Oui, je connais pas mal de choses du coup. Les principales surtout. J'ai rencontrée une de vos collègue d'ailleurs, et d'autres. Une certaine Elliade, vous connaissez?
C'est fort bon de votre part. En fait, c'est peut-être personnel, donc n'y répondez pas si vous préférez, mais je me suis toujours demandé. Vous ne regrettez pas d'avoir fais le voeu? Surtout rapport à cette rivalité et tout ça?"

Quelle charmant personnage. Se proposer de m'aider aussi spontanément.

"D'ailleurs, si il y a quelque chose sur lequel je peux potentiellement vous renseigner, n'hésite pas non plus. John Rakart" dis-je en tendant ma main.

- J'ai bien peur qu'il n'y ai rien sur quoi vous puissiez me renseigner. William Ling, enchanté.

Je lui sers la main et réponds à ses deux questions.

- Je connais Elliade : c'est une solitaire, désormais. Ainsi va la vie pour ceux qui, comme moi, n'aime pas se battre...

... Sauf que moi, à la fin, j'obéis aux ordres. Parce que je sais que seul les seraphs seront mon chemin jusqu'à la vérité.

- Quant à votre question... Hé bien, l'état dans lequel j'étais au moment où Kyu m'a proposé le vœu n'était pas propice à la réflexion. J'étais....

J'hésite. Vais-je lui dire ?

- ... Sur le point de sauter du haut d'un pont. Au cas où vous vous le demandiez, ce n'est pas sans rapport avec mon masque et mon manteau. Je vous en dirai plus sur ces deux accessoires un peu plus tard.
Oui, il m'est arrivé de regretter mon vœu. Mais je sais aussi qu'il ne sert à rien de pleurer sur le passé... De toute manière, si j'avais refusé le vœu, je ne serais plus de ce monde. Et oui, cette... Rivalité, comme vous l’appelez, elle est problématique. Mais nous sommes forcés de nous battre. C'est que voyez vous, les ombres alimentent les deux chats en énergies... Qui sont la source de nos vœux. Or, il n'y a pas assez d'ombres pour tout le monde : et si les chats venaient à perdre leur énergie, les vœux ne tiendraient plus... Et alors, qui protégerait le monde des ombres ?
Mais ce n'est pas ça qui m'empêche de regretter. Si je suis seraph... C'est surtout pour la vérité. Si vous croisez un certain Naoto Shirogane... Il saura vous en parlez plus en profondeur.

Je lui serrais la main, et il avait une bonne poigne. Les contractants semblaient souvent être des gens en forme. Bien que ce soit le bon docteur Vasilis qui m'ai le plus surpris à ce niveau là.

"Solitaire...Ça les décrit bien. Pourtant, elle était bien déterminé à affronter les Ombres. Mais je suppose que vous parlez de vos chers compatriotes du chat noir. Il est rassurant de savoir que vous non plus n'aimez pas cela."

Tombez sur un pacifique, voilà encore de la chance. Car si ils étaient capable de s'entretuer entre eux, il me faudrait de la chance pour ne pas tomber sur un voulant forcer ma conversion. Si cela était possible bien entendu. Ou pire, quelqu'un voulant tuer préventivement un potentiel Nephil, brrr.

Je le regarde l'air surpris, et plein d'espoir qu'il me raconte sa situation. Chose qu'il fait, bien que je m'y attendait un peu, l'histoire n'est pas très belle. Après tout, il semblait que les chats venaient à ceux qui en avaient besoin.

"Et bien, si c'est pour vivre, vous aveu bien fait d'accepter dans tous les cas. C'est important.
Je vois. Il est vrai que cela me fait bizarre d'entendre qu'il n'y a pas assez d'Ombres, j'en vois trop."

Je ris doucement de ma propre boutade. Je m'amuse un peu trop tout seul.

"Il est fort dommage qu'aucun des chats ne veuillent abandonner pour laisser l'autre gagner. Mais je suis mal placé pour commenter cela, étant plutôt têtu moi-même.
La vérité vous dites? Je n'en avais pas du tout entendu parler. Bon, ce qui doit être normal, j'ai plus rencontré de Nephils que des autres. Mais je ne connais pas ce Naoto, mais je retiens."

Je m'étais souvent demandé la différence entre Seraphs et Nephils, peut-être aurais-je enfin une réponse.

- Oui, je connais assez bien Elliade, ça ne m'étonne pas d'elle. Après, concernant les nephils... Si il le faut, je me bats. Au fait, vous faîtes quoi, vous, dans la vie ?

Je me suis rendu compte que je ne lui ai pas demandé jusqu'ici. Je parie qu'il eeeeeest... Hmmm... Lunettes, imper, vieux chapeau, belles chaussures... On dirait un détective privé. Ou un DRH. Ou un directeur d'entreprise. Non, pas directeur, plutôt... Avocat. Ou un truc dans le style. En rapport avec les gens. Je pencherai plus vers l'inspecteur.

- Je ne sais pas si j'ai bien fais d'accepter, mais quoi qu'il en soit, je l'ai fais : nulle besoin de me lamenter là dessus.

J'ai bien pris mes positions là dessus : je ne reviens pas sur le passé. Ca, et ne plus prendre soin de soi, c'est le chemin le plus court vers la déchéance humaine. Il faut se souvenir, sans pour autant sombrer dans la nostalgie excessive. C'est seulement avec des règles très strictes là dessus qu'on évite la folie, qui guette tout les SDF.

- Je ne sais pas si ils "peuvent" abandonner. C'est leur mission intrasèque. En fait, cette guerre est comparable à la guerre froide : personne ne veut se désarmer pour faire confiance à l'autre. C'est bien trop dangeureux. Et puis, aussi, peut-être que si seul les seraphs chassaient les ombres, il y en aurait trop. Nous nous entre régulons. Seul les plus forts survivent. La théorie Darwinienne.

J'ai eu cette conversation intérieure des milliers de fois. Sur ça aussi, j'ai beaucoup réfléchi, et je reste sur mes positions.

- La "vérité" n'est pas quelque chose à proprement parler. Cependant... Nous ne voyons pas la toile dans son ensemble. Il y a des inconnus à l'équation. Ces inconnus se dévoilent peu à peu. Melkyor, Blackbird. Toutes ces choses... Il y a autre chose, nous le savons. Kyu et Bey ne sont pas si invincibles que ça : nous le savons aussi. Il nous manque des éléments. Donc en attendant... Nous faisons notre travail. Et nous obéissons.

Si il le faut il se bat? Évidemment. Même Vasilis, pacifiste convaincu se défendrait si il était attaqué physiquement. A moins que cela ne cachait plus. Par exemple, si on lui en donne l'ordre, et bien c'est qu'il le faudrait. Quelqu'un de pragmatique au final. Que j'imaginais non agressif, mais pas au point de se compromettre.

"Oh, moi? Je suis DRH à Star Enterprise. Sinon, j'échappe aux Ombres dans mon temps libre. Et vous? En dehors de vos activités de contractants évidemment."

je hochais simplement la tête quand au fait qu'il ne servait à rien de se lamenter. Et puis, rester en vie était une conséquence de voeux assez sympathique.

"Vous devez avoir raison. Faire confiance à des gens ayant essayé d'avoir votre peau depuis si longtemps doit être compliqué.
Par contre, et loin de moi l'idée de vous insulter, mais quand j'entends que vous vous régulez, j'y comprends un peu que vous maintenez le statut quo."

C'était un commentaire assez osé que je venais de faire. Mais peut-être pas si loin de la réalité. Car si ils ne se tuaient pas entre eux, il y aurait trop de contractants, et les Ombres finiraient par disparaitre complètement. Et sans Ombres, pas de voeux. Donc mieux valaient être sûr qu'il en reste assez pour entretenir les pouvoirs des survivants.
C'était glauque, mais humain.

"Mmmh, quelque chose de caché derrière tout cela. Moi qui pensait que les Chats étaient déjà beaucoup. En tout cas, c'est vraiment intéressant.
Je me demandais, si il semble se passer beaucoup de chose dans l'organisation des deux factions, s'en passe-t-il autant avec les solitaires? Voir même avec les humains? Je n'ai pour l'instant, rencontré aucun dans le même cas que moi."

DRH ! Hmmmm... Perdu. Star Entreprise ? Jamais entendu parler.

- Je ne fais pratiquement que de la traque d'ombre. Sinon... Je m'entraîne, je me promène, et je rencontre des gens. Et puis, bien sûr, je garde toujours un peu de temps pour prendre soin de mon hygiène. Comme ça, on dirait que je ne fais pas grand chose, mais en fait, mes journées sont bien remplies. C'est le secret, pour une existence douce.

Échapper aux ombres est un passe temps comme un autre, ceci dit, je ne m'y risquerai pas. C'est toute la perversité des contractants : refuser un vœu, ça équivaut à signer son arrêt de mort.

- Il n'est pas ici question de confiance. Je fais mon travail. Ce que vous devez comprendre, c'est que, à part les seraphs, je n'ai plus de famille. Je fais ce qu'ils me disent, parce que sinon... Je serai seul. Et la solitude est la chose que je redoute le plus. Vous ne pouvez pas savoir ce que c'est, d'être seul chez soi à tourner en rond, en attendant la mort, sans oser pointer le bout de son nez dehors... De se retrouver sur un pont, dans un vieux manteau miteux, sans amis, ni famille, à se demander si oui ou non on doit franchir la barrière qui nous sépare du canal... Je ne veux plus jamais me retrouver coupé de tout contacts humains.
Je vous parler de nous "réguler", mais en fait, je n'en sais rien : et c'est là tout le problème. On ne connait pas la... pas...

Je commence à avoir du mal à me concentrer... Parler de ma solitude passée à fait remonter des souvenirs douloureux à la surface.

- La... la vérité...

J'ai de plus en plus de mal à parler.

- Permettez... Juste... M'asseoir un instant...

Probablement le soleil... Ça et les mauvais souvenirs... Je m'assois à l'ombre, un peu plus loin, et souffle un peu avant de reprendre.

- Je suis désolé... Parler de cette époque révolue fait remonter des souvenirs douloureux... Que je croyais bien enfouis dans ma mémoire. En ce qui concerne les solitaires... Ce sont des parias. Je ne sais pas grand chose d'eux... Sinon que l'un d'entre eux voue une haine total à Kyu. Et, pour les humains, si vous n'avez rencontré personne dans le même cas que vous, c'est qu'ils sont probablement déjà tous mort. Vous vivez une vie bien plus dangereuse que la notre... Et vous ne pouvez vous défendre des ombres.

C'est un peu rude, mais c'est comme ça.

Hygiène? Mais pourquoi m'en parle-t-il? J'espère bien qu'il prend le temps de faire une douche tout les jours. Ou peut-être est-ce en rapport avec tous ses habits?

"Se battre et rencontrer des gens? Quelle belle vie de bohème!" dis-je d'un taquin.

"Mais vous avez raison, l'oisivité ne sied pas à bien grand monde."

Et puis il se met à me parler de lui, avec une certaine douleur. Je prend une attitude plus sérieue, en adéquation avec ce qu'il me confie. Plus de famille? Brrr, je n'en voudrais effectivement pas. Et à force d'échapper à la mort, la perspective de l'attendre sans rien faire ni pouvoir agir me paraît encore plus terrible. Attendre la mort dans l'angoisse avant d'aller la chercher. Brrr.
Les contractants, une famille? Voila une chose étrange que je n'avais absolument pas considérer. Mais pour quelqu'un comme lui, je me rendais bien compte qu'il était prêt à beaucoup pour rester avec ceux qui l'acceptent.

Il se mit à parler avec peine avant de s’asseoir, et je fis pareille, avant de lui mettre la main sur le côté de l'épaule, en un geste amical. A ma grande surprise, le contact était mou. Avait-il encore d'autres habits dessous? Bah, tant pis, n'en laissons rien paraître.

"Ne vous en faîtes pas, c'est bien normal. Je ne peux comprendre ce que vous avez vécu, mais je ne peux que vous enjoindre à bien vous occuper des vôtres."

Des parias hein? Je m'en doutais. Et évidemment, certain avait la haine contre un des chats. Mais bon, que pouvait-il bien faire de toute façon?
Je le regardais ensuite avec un air un peu surpris. Je n'avais effectivement jamais pensé que les autres comme moi avait simplement succombé. Avant de me reprendre, les yeux levés.

"Ou bien ils vous ont rejoins.
Et puis, c'est justement ce danger qui rend cela si intéressant. A fuir sans péril, on court sans gloire.
Et puis, je sens que je peux compter sur des gens comme vous au cas où les choses tournent mal."

Dis-je en lui effleurant l'épaule du poing.

Je souris au contact de sa main sur mon épaule.

- Faîtes quand même attention à ne pas vous faire tuer.

Je dis ça mais le cœur me manque. Ceux qui refusent les contrats meurent en général assez rapidement.

- Si vous étiez amener à choisir entre les deux camps... Où iriez vous ? Je vous rassure tout de suite, quelque soit votre réponse, je ne vous ferai rien.

"Haha, ne vous en faites pas, c'est ce que je fait de mieux. Et puis, ça a l'avantage d'avoir constamment le résultat sous les yeux."

Cela fait toujours plaisir de voir des gens souhiater que l'on vive longtemps.

"D'ailleurs, j'aurai bien envie de vous souhaiter la même chose, mais vous vous en êtes déjà occupé."

Ah, parler de la mort, rien ne peut me rendre plus guilleret.

"La base de la sécurité des vos petites histoires reposent justement sur le secret, mais cela ne se ferait pas de rester coi alors que vous m'avez parler si librement. Et puis, je m'en fiche un peu, je compte bien courir encore un moment.
Mais je prendrai le camp opposé au votre. Pour le même type de raison que vous d'ailleurs, j'y ai simplement plus de contacts là-bas, dont un fort sympathique."

A quelque part, j'avais plus ou moins promis de passer par Juliet Hopkins si je devais choisir un camp, mais c'est plus mon amitié avec Vasilis qui me ferait choisir son camp.
Après tout, c'est beau l'amitié!

- On mourra tous à 40 ans, grand maximum. N'est ce pas un sort enviable ?

Je souris cyniquement sous mon masque. Dans les affres de la torture, après un combat épique, en se jetant du haut d'un immeuble, en se tailladant les veines, en s'endormant, tout simplement... Les vies de contractants sont des demi-vies. Y a-t-il encore de l'espoir ici bas ?
Mon regard se perd dans le vide. Je secoue la tête et reprends mes esprits.

- Ha. J'espère alors n'avoir jamais à me battre contre vous. Mais je vous fais confiance : vous ne choisirez pas la voie des contractants, je me trompe ?

Je le regardais en haussant un sourcil, un peu inquiet. Les contractants vivaient-ils moins longtemps que les autres? Non, pas possible, ils me l'auraient dit, et puis, certain d'entre eux sont sensés être vieux il me semble.

"Haha, je n'espère pas, sinon je ne le sais pas, mais je suis déjà mort! Depuis quelques mois d'ailleurs."

Ce qui n'est pas si faux lorsque l'on a les ombres aux fesses, mais je suis persuadés que je peux courir encore longtemps. Et si je n'y crois pas moi, ce n'est pas elles qui le feront.

Toutefois, j'ai bien du mal à interpréter sa phrase, surtout vu le voeux que lui-même à fait. Il fait probablement référence au danger de son métier. Un peu comme les agents secrets dont même les meilleurs font rarement de vieux os.

"De même. Et vous avez parfaitement raison, je ne m'y risquerais pour très peu de chose. En fait, ce serait seulement si ma fille est menacée. Mais bon, si quiconque d'un côté ou de l'autre tente de me forcer la main ainsi, c'est un voeu de mort que je prononcerais."

C'est toujours d'un air enjoué que je lui parlais, mais le regardant attentivement. En fait, je me demandais si faire un tel souhait empiéterait sur le sien. Je devrais me renseigner. Au cas ou.
Je ne craignais pas non plus de parler aussi ouvertement de ma fille, la moindre recherche internet mènerait directement à elle.

"Mais vous parliez de se battre, êtes-vous vous même un bon combattant? Non pas que je le craigne, mais plus par curiosité. Cela m'a l'air tellement terriblement dangereux de se battre entre gens à qui à été accordé un voeu en ayant si peu d'indice pour estimer la force de son adversaire."

Je me doutais cependant bien que ceux féroce était connu. Ce qui revenait au même donc, si vous ne connaissiez pas la personne en face, il n'y a aucun moyen de savoir ses capacités. Qui dépassent évidemment l'adresse au pugilat.

- Ha ? Ha. C'était elle que vous attendiez devant cette école, n'est ce pas ? Oui, bien sûr, j'aurai pu le deviner, en fait.

Je note qu'il me regarde suspectement. C'est à dire que c'est ce que je fais depuis tout à l'heure, mais moi, j'ai un masque. Ça ne se voit donc pas. Enfin, je ne lui veux pas de mal. Et lui non plus, à priori. C'est une note à titre purement... Informative.

- Etant donné que je suis un clochard, j'ai du temps, je m'entraîne donc assez souvent : et je me débrouille plutôt bien.

Oui, j'estime que je peux le dire maintenant. J'arrive à faire tournoyer mes faucilles sans me blesser, j'ai une garde vraiment symétrique, je suis capable de changer de pose, selon que je souhaite être défensif ou offensif... Actuellement, je travaille la précision de mes lancers : il reste toujours des points à améliorer, mais je dirais que maintenant, si je me battais avec Blackbird, je pourrais lui offrir un combat digne. En fait, là, ce qu'il me faudrait, c'est une arme à feu. C'est vraiment ce qui me manque.

- Ce qui me manque vraiment, c'est une arme à feu : je me bats avec des faucilles, mais de fait, elles sont souvent plus petites que les armes de mes ennemis, quand ceux-ci n'ont pas tout simplement des pistolets, arc, ou autres armes à distance. Mais vous même ? Comment vous battez vous ?

"C'est vrai que vu l'heure, ça devait pas être évident."

Des clochards qui s’entraînent à se battre? Je souris un peu, mais l'idée fait presque peur. Des mendiants en train d'apprendre à se battre pour pouvoir faire peur aux gens, brrr.

"Et bien tant mieux du coup. J'ai rencontré quelques contractants n'ayant pas la fibre de la baston dans le sang, et ils ont l'air d'avoir un peu de mal avec cela."

Des faucilles? Quelle drôle de choix.

"C'est vrai que j'ai assez peu vu ces les armes des gens comme vous. Mais dîtes-moi, sont-ce des armes normales? J'imagine que oui si vous voulez des armes à feus. Mais du coup, pourquoi ce choix des faucilles? C'est assez singulier, et à moins d'être discret, peu pratique non?

Moi-même? Pourquoi le ferais-je? Justement, je ne me bats, je cours, fuis, saute et vole!
Enfin, atterrir, c'est voler n'est-ce pas?
Mais plus sérieusement, je n'ai pas la moindre notion de combat."

Peut-être a-t-il le réflexe de renconter que des gens devant se battre constemment, d'où la question. A moins qu'il ne se doute que je ne sois pas réellement un libre, et aurait essayé de me piéger en me faisant parler d'armes?
Non, je me fais des idées. Peut-être essaie-t-il de me dire que je devrais justement m'y mettre, à me défendre.

- C'est pas étonnant... Les termes même de notre contrat nous impose de combattre les ombres. Sans armes, c'est pour le moins compliqué.

En tout cas, je vois mal comment ils se débrouillent. Ceci dit, il me semble que Fox... Fait surtout du renseignement.
Un choix ?

- Un choix ? Ce n'est pas un choix. Attendez, on ne vous a pas expliqué ça ?

Je me dois de combler cette lacune.

- Un contractant ne choisit pas son arme. Elle est une matérialisation de son âme, une part de lui qui se trouve avoir la forme d'une arme. Et dans mon cas... Ce sont des faucilles. Deux armes très dangereuses, qui impose un maniement dangereux, lui aussi. C'est très bien contre les ombres. C'est pour les contractants que c'est plus problématique. C'est pour eux qu'un pistolet me serait utile.

Je prends un ton plus sérieux pour la suite.

- Viendra un jour où vous serez peut-être forcé à faire un choix. Je vous ne vous le souhaite pas... La vie de contractant... Est difficile.