Nearra se préparait à faire des courses, son frigo étant vide depuis quelques jours, et elle n'allait quand même pas sortir se payer un repas à chaque fois. Bon, même si elle partait acheter quelques chose à manger ça se résumerait à quelques plats déjà prêts, en gros tout ce qui n'avait pas besoin d'être cuisiné. Elle avait bien essayé de le faire quelques fois mais chacune de ses tentatives s'étaient terminées en des résultats pathétiques et elle avait donc abandonné cette idée depuis quelques temps.

Même si c'était qu'une sortie ordinaire, elle n'oublia pas de glisser une dague dans ses bottes et deux autres sur ses avants-bras ; on ne savait jamais ce qu'il pouvait arriver et mieux valait être préparée. Elle ferma sa porte, avant de se diriger vers le centre commercial le plus proche. Tout d'un coup, elle capta un mouvement du coin de l’œil et arrêta son avancée, se tournant de façon à faire face à ce qu'il se passait. Et ça valait le coup, une scène comme ça ne se voyait pas tous les jours. Une jeune femme balança ses bras dans le visage d'un homme, qui tomba à terre. En regardant cette femme, personne n'aurait deviné qu'elle aurait autant de force... mais c'était sans compter la créature qui était accrochée à elle, une Ombre.

Nearra allait simplement passer son chemin mais quand la jeune femme se retourna, elle trouva ses traits familiers. Si elle avait fait assez impression pour que Nearra la reconnaisse, elle ne pouvait pas la laisser comme ça. Elle décida alors de la suivre jusque dans une allée sombre, prête à déployer son kekkai pour éliminer la créature. Mais, avant qu'elle ait eu le temps d'agir, la jeune femme leva la tête et poussa un cri terrifiant, agissant comme une possédée. A ce point, elle ne remarquerait sans doute pas que Nearra disparaissait si elle déployait son kekkai mais elle ne voulait pas prendre le risque. Avec un peu de chance, l'Ombre n'était pas accrochée à elle depuis longtemps et elle arriverait à lui faire retrouver ses esprits assez longtemps pour éliminer la créature discrètement.

Elle s'approcha alors de la jeune femme, essayant désespérément de se rappeler où elle l'avait vue. Et tout d'un coup ça lui revint. La petite fouine qui tentait de gratter quelques informations sur le boss de la cible de Nearra dans l'armurerie Kill or Die. Son nom... Ca... Ca-quelque chose. Enfin ça devrait surement lui suffire, dans son état elle ne remarquerait sans doute pas la différence.

— Hé, toi ! Calya ! Tout va bien ? Qu'est-ce que tu fais là ?

Spoiler:

Alors que la jeune fille criait de nouveau de douleur, elle lacha avec grande difficulté un avertissement. Éloigner les explosifs ? De quoi est-ce qu'elle parlait ? Nearra commençait à croire que Caelys était en train de délirer quand elle aperçut un sac entrouvert au sol où elle pouvait voir... des explosifs. Avant qu'elle puisse agir, la jeune fille cogna le mur de toutes ses forces avant de lui lancer un regard terrifié et de hurler.

A ce point elle avait pris sa décision en moins d'une seconde et déploya son kekkai avant de faire apparaître ses armes. Elle aurait pu se contenter d'assommer Caelys mais ça n'aurait pas résolu le problème à long terme. Puis dans son état elle croirait peut-être juste avoir fait un cauchemar et ne noterait pas sa disparition. Sans perdre plus de temps à divaguer, Nearra resserra la prise sur ses armes avant de s'élancer dans la direction de l'Ombre. Celle-ci était prise au dépourvu, ne s'attendant pas à ce qu'elle attaque alors qu'elle n'avait pas agi jusqu'à présent, et ne posa pas beaucoup de résistance. La créature se contenta de lever les bras en une tentative de bloquer l'assaut mais Nearra ne frappa sa garde que d'un seul sabre avant de se retourner et d'enfoncer le deuxième dans son cœur. Révoquant ses armes, elle attendit de voir le cadavre de l'Ombre se désintégrer avant de faire disparaître son kekkai.

Elle vit de nouveau Caelys, toujours affalée contre le mur, la tête baissée. C'était un avantage, elle croirait peut-être avoir halluciné un petit moment, son combat contre l'Ombre n'ayant pas duré longtemps. Bon l'inconvénient était que maintenant trouver son nom... ou elle pouvait juste utiliser l'excuse du surnom. Et elle ne pouvait pas se permettre d'agir comme si elle était inquiète, elle ferait comme si elle venait de passer ici par hasard.

— Allons petite fille, ce n'est pas l'heure de la sieste.

En entendant sa voix, la jeune fille redressa la tête, la lueur de folie ayant disparu de ses yeux. Elle semblait perdue, ne sachant pas comment elle s'était retrouvée là ou pourquoi. C'était naturel, la possession de l'Ombre ayant été plutôt avancée, celle-ci contrôlant la moindre de ses actions. Reprenant ses esprits, Caelys commença à poser des questions, paniquée, demanda ce qu'il venait de se passer. Avant que Nearra puisse sortir une excuse, la jeune fille la surprit en demandant la vérité. Bien sur ce n'était pas quelque chose qu'elle allait faire, même si elle lui racontait ce qu'il venait de se passer elle ne la croirait pas et elle n'était pas censée être la folle dans ce scénario. Elle fixa alors Caelys de son regard, la parcourant de bas en haut avant de dire.

— Et bien je ne pense pas que tu sois en état d'exiger quelque chose, je me trompe ?

Nearra recula avant de pouvoir s'adosser à un mur et regarda attentivement Caelys. Certes, elle ne pouvait pas s'attendre à ce qu'elle croie la vérité, une créature que seuls certaines personnes peuvent voir l'ayant prise pour cible, mais elle ne pouvait pas non plus la laisser complètement dans l'ombre. Elle décida alors d'éclaircir un peu la situation, ne répondant pas directement à sa question.

— Et bien tu dois être somnambule, je suis passée par ici quand je t'ai vue t'installer et tu as commencé à taper le mur. Elle pointa du doigt la victime avant de continuer comme si elle venait de se rappeler de quelque chose d'important. Ah ! Je ne sais pas qui tu as encore énervé mais je ne pense pas que c'était nécessaire de les emporter avec toi dans un lieu public. Elle désigna cette fois-ci le sac d'explosif abandonné par terre.

Bien sur elle ne s'attendait pas à ce qu'elle croie à cette explication mais elle espérait que ça la ferait taire, comprenant qu'elle ne désirait pas entrer dans les détails. Maintenant qu'elle était de retour à la normale, ne pouvait-elle pas simplement montrer de la gratitude et retourner à sa vie de tous les jours ? En utilisant ses explosifs en privé, pas dans des places publiques.

— Et bien je ne pense pas que tu sois en état d'exiger quelque chose, je me trompe ?

Nan ça c'était vrai, m'enfin la tout de suite si elle ne me disait rien, j'allais me liquéfier. Elle ajouta alors, sans vraie conviction :

— Et bien tu dois être somnambule, je suis passée par ici quand je t'ai vue t'installer et tu as commencé à taper le mur. Ah ! Je ne sais pas qui tu as encore énervé mais je ne pense pas que c'était nécessaire de les emporter avec toi dans un lieu public.

Je fixai le trou dans le mur, puis mes phalanges en sang. Je n'ai jamais eu tant de force, et jamais, au grand jamais je n'ai perdu le contrôle a ce point. Surtout sans raisons valables ! Quand aux explosifs, ils sont toujours avec moi, mais jamais en si grand nombre. Je n'en prends qu'un ou deux dans les poches histoires de pouvoirs esquiver les contrôles de police du quartier Est. Encore quelque chose d'anormal qui prouve que ca ne vient pas de moi.

-Non ça m'étonnerait beaucoup. Et puis je n'aurais jamais eu la force pour faire un cratère comme ca dans le mur.

Je balançai ma main vers elle doucement en lui montrant ma chair a vif et le sang qui s'en écoulait. Eh quand même ! Je suis folle mais pas a ce point !

-J'ai été possédée par un démon je suis sûre, faut que je me fasse exorciser ! Ma voix était pleine de conviction, par contre je n'ai pas pu m'empêcher d'étouffer un léger rire pour la débilité de mes propos. Dans un sens elle me prenait déjà sûrement pour une barge alors bon.

Cependant il fallait une explication, c'était bien beau d'en rire mais j'aimerais tout de même comprendre un peu. Pour les explosifs c'était simple :

-J'en garde toujours un ou deux sur moi mais jamais un sac entier. La police a l'Est est plus exigeante que dans le Sud et les contrôles plus fréquents. Je sais que je suis imprudente m'enfin, je tiens encore a ma liberté...

Puis je passai mes mains sur mon visage, encore un peu étourdie. Nearra avait un comportement étrange, différent de celui qu'elle avait a notre rencontre. J'ai l'impression qu'elle me cache quelque chose. Quoi, je ne sais pas. Et elle n'a pas l'air de vraiment vouloir s'étaler sur le sujet. J'attrapai ma main et tournai mon poignet qui grincait un peu, suite a mon avis au coup dans le béton. Ce qui prouve a nouveau mon intelligence. Des flashs revenaient a mon esprit, notamment ceux où j'avais terriblement mal et que je hurlai. Je m'en souviens, de la sensation, de tout. Elle me cachait quelque chose !

-Je me souviens avoir crié puis avoir eu mal. Puis je me souviens que tu es arrivée et tu m'as demandé si ça allait et...

Je m'arretai car la suite ne me venait pas. Je n'ai aucune idée de ce qui est arrivé ensuite. C'est fou, est ce que 'ai rêvé ou pas ? Ce serait étonnant quand même, que comme par hasard, je rêve d'elle et qu'a mon réveil elle soit capable de me dire ce qui s'est passé dans ce rêve... Prenant un regard plus sérieux malgré le stress qui m'assaillait, j'ajoutai :

-Qu'est ce que tu sais...?

A la mention du mur, Caelys regarda tour à tour son poing et le cratère qu'il avait infligé avant de rediriger son attention vers Nearra et de lui dire qu'elle n'aurait jamais pu faire ça avec sa force actuelle, avant de s'exclamer qu'elle avait été possédée par un démon et qu'elle devait se faire exorciser. Et bien elle n'était pas loin de la vérité, si ce n'était qu'elle s'était déjà faite "exorciser". Face à sa réaction, Nearra se contenta de répliquer.

— Et puis quoi encore, tu es de celles qui justifient leurs actions en disant que ce n'étaient pas eux qui contrôlaient leur corps ? Détends-toi, personne ne te fera de procès pour avoir endommagé ce mur, pas besoin de dire des absurdités. Et je suis presque sûre que si, tu peux le faire, tu n'as juste jamais frappé quelque chose sans faire attention aux dégâts que ça peut te causer, ce qui n'était pas le cas cette fois-ci vu l'état de ton poing.

Elle savait très bien que ce ne serait pas assez pour lui faire lâcher l'affaire mais ça serait un bon début. La jeune fille se doutait surement que son histoire de démon de passerait pas à un tribunal... ou était-elle assez dérangée pour tenter sa chance ? Nearra ne voulait pas le savoir et préférait lui faire perdre cette excuse, si elle se retrouvait à parler de démons qui possédaient des gens face à un contractant, il pourrait penser qu'elle était du camp adverse et s'en débarrasser sans s'embêter d'utiliser un kekkai avant de se rendre compte de son erreur, pas une bonne façon de mourir.

Le jeune fille ne s'arrêta pas là et commença à parler des bombes, qu'elle ne portait jamais en grande quantité dans ce quartier. Cette partie allait être plus difficile à justifier pour Nearra, l'excuse du somnambulisme de pouvant pas tenir vu que si c'était le cas elle n'aurait sans doute pas changé ses habitudes. Elle se contenta donc de dire en haussant les épaules.

— Quand je t'ai vue tu avais déjà les bombes avec toi, tu es la seule à savoir pourquoi tu en as pris autant. Un petit ami qui t'a largué ? Un alcoolique qui t'harcelait ? Peut-être que tu étais simplement énervée.

Elle ne pouvait pas dire plus que ça, même si elle le voulait. Le fait qu'elle avait déjà ses bombes quand Nearra était arrivée était vrai, elle ne savait pas quand et pourquoi elle en avait autant, même si elle pouvait deviner qu'elle voulait probablement faire sauter le centre commercial, une chance qu'elle soit passée par ici aujourd'hui.

Alors que Nearra allait la laisser reprendre ses esprits, la jeune fille commença à divaguer avant de se rappeler petit à petit de ce qui s'était passé. Il y avait peu de chance qu'elle se rappelle de tous les détails mais c'était le signal de départ qu'elle attendait et Nearra commença à partir quant la jeune fille la héla, lui demandant ce qu'elle savait. Poussant un soupir, elle se retourna avant de reprendre sa position. Elle savait qu'elle aurait du se contenter de l'assommer et de lui enlever ses bombes mais en essayant de faire une bonne action elle se retrouvait dans cette situation. Maintenant que la jeune fille avait des soupçons elle ne lâcherait pas et elle devait s'en débarrasser rapidement. Elle fit donc un pari, lançant à la jeune fille.

— Trois questions. Trois questions auxquelles je répondrait par oui ou non puis je m'en irai.

Elle ne mentait pas, elle répondrait à ses questions par la vérité mais il y avait peu de chances qu'avec trois questions fermées elle apprenne quelque chose d'utile. Mais elle aurait quand même des explication et ça devrait lui suffire, Nearra n'était pas prête à faire plus de compromis.